Christina Fisher est revenue sur sa décision quand elle a vu les parents adoptifs de sa fille, Abigail Lynn, s'enfuir en la découvrant. « Quand elle est née, la mère adoptive a quitté l'hôpital en criant qu'elle était déformée... Et je n'ai plus jamais entendu parler d'elle », raconte Christina, la mère biologique, qui avait fait appel à une agence d'adoption aux États-Unis. Abigail est atteinte du syndrome de Treachers Collins, une maladie génétique rare qui lui déforme le visage.
Trop de difficultés financières
Christina Fisher, qui réside en Floride, ne voulait pas garder son enfant principalement pour des raisons matérielles, pensant ne pas avoir les moyens suffisants pour subvenir à ses besoins. Mais, vues les circonstances, elle a décidé d'assurer son éducation. Afin de financer d'éventuelles opérations chirurgicales, elle a lancé une campagne de financement sur la plateforme Gofundme.com. Plus de 20 000 dollars ont déjà été récoltés en juin 2016. Le syndrome de la fillette ne met pas ses jours en danger mais les déformations de son visage pourraient évoluer à l'avenir et altérer sa respiration ou son audition. Elle a aujourd'hui 5 mois.
Un cas pas si isolé
Déjà en 2014, les médias internationaux s'étaient emparés d'affaires similaires. En Thaïlande, un couple d'Australiens avait suscité un scandale en abandonnant un nourrisson trisomique à sa mère porteuse mais en emmenant avec eux sa sœur jumelle, en parfaite santé (lire article ci-dessous). Poursuivis en justice, les parents adoptifs avaient démenti, accusant la mère biologique d'avoir voulu garder le petit garçon handicapé. La même année, une deuxième affaire, au Royaume-Uni cette fois, mettait en cause un couple britannique ayant également eu recours à la GPA (gestation pour autrui). La mère porteuse avait, elle aussi, donné naissance à des jumeaux et les futurs parents avaient abandonné un des deux nourrissons en apprenant qu'il était atteint de dystrophie musculaire. À la suite de plusieurs réunions de concertation avec les autorités publiques, la mère porteuse et son compagnon avaient finalement pu garder le bébé et perçu 15 000 euros.
De lourds enjeux éthiques
Techniquement, Christina Fisher n'est pas une mère porteuse puisqu'elle n'est pas tombée enceinte « sur commande ». Malgré tout, ces affaires relancent le débat sur la gestation pour autrui et posent d'importantes questions éthiques. Quel droit établir pour protéger la mère porteuse ? Quel recours pour les parents adoptifs en cas de handicap de l'enfant ? Comment protéger ce dernier ? « La GPA autorise des situations où l'enfant, adopté avant sa naissance, doit être parfait ou du moins répondre à certains critères. Cela pose des problèmes aux États-Unis où la parentalité est réversible. À tout moment, les parents adoptifs peuvent décider d'abandonner leur enfant, qui n'est donc pas assez protégé », justifie Adeline Le Gouvello, de l'association des Juristes pour l'enfance. En France, la problématique ne se pose pas pour l'instant puisque la GPA est prohibée. Dans certains pays, en revanche, notamment dans plusieurs États d'Amérique, la pratique est autorisée.
© Christina Fisher / GoFundMe