Manifestation tonitruante dans la cour du lycée Molière à Paris (16e) le 11 octobre 2016. Les élèves scandent un prénom : Amélie ! Celui d'une élève en situation de handicap. La direction du lycée refuse en effet d'aménager les salles pour lui permettre de suivre ses cours de classe prépa lettres « classiques ».
Discrimination manifeste
Estimant qu'elle n'a pas la capacité de recevoir des élèves en fauteuil dans ses murs, le lycée n'étant pas accessible, elle propose de transférer Amélie vers un autre établissement, le lycée Monet, où elle pourra alors suivre un cursus de lettres… « modernes » ! « Simplement parce que je représente une situation de handicap et que la direction ne cherche pas une solution, regrette-t-elle sur RMC. On ne change pas comme ça un élève d'établissement, surtout quand il est malade ; au contraire, on devrait plutôt l'aider. Nos parents et l'école nous ont appris que ce n'est pas parce que quelqu'un a une différence qu'il faut le traiter différemment ». « Je n'ai subi aucune discrimination de la part des élèves mais de ceux qui représentent l'État », se désole-t-elle.
« Le summum de la bêtise »
Amélie a contracté la maladie de Lyme à l'été 2016. Provoquée par la morsure d'une tique, cette pathologie (article en lien ci-dessous) peut avoir des conséquences particulièrement invalidantes. C'est le cas d'Amélie qui a de plus en plus de mal à se déplacer ; elle s'aide le plus souvent d'une canne mais doit, parfois, pour se reposer, utiliser un fauteuil roulant et ne peut donc plus atteindre les classes situées au deuxième étage. Ses camarades suggèrent alors une solution de bon sens, déplacer les cours au rez-de-chaussée, accessible par une entrée sans marche à l'arrière du bâtiment, mais la direction s'y refuse. Elèves et professeurs décident donc de se mettre en grève pour protester contre une situation qu'ils jugent « hallucinante », avec le soutien de la Ligue des Droits de l'Homme et de l'APF (Association des paralysés de France) qui dénonce « le summum de la bêtise humaine ». « Bien sûr qu'on va rester mobilisés car il n'est pas question qu'Amélie aille dans un autre lycée, enrage une camarade. Et qu'est-ce qu'on va faire, on va expulser tous les élèves handicapés ? Il n'est pas question qu'Amélie soit la dernière élève handicapée qui aille au lycée Molière ».
Une affaire de Droits de l'Homme
Une réunion a eu lieu avec le Rectorat de Paris pour trouver une solution en urgence, respectant les droits fondamentaux de la jeune femme ! « Mais, pour le moment, confie Patrice Tripoteau, directeur général adjoint de l'APF, la seule intervention prévue est celle d'un architecte qui doit venir mercredi matin faire un point devant les élèves sur… la difficulté de rendre les bâtiments anciens accessibles ! Or l'enjeu, dans cette affaire, ce n'est pas l'aspect technique mais bien l'accueil des personnes en situation de handicap. Une question, plus large, de Droits de l'Homme. » L'APF dit ne pas vouloir « lâcher l'affaire » et apporter son soutien à la famille d'Amélie qui a fait appel à un avocat. Une plainte pour discrimination a été déposée contre le lycée. L'APF et la LDH lancent une pétition en ligne (en lien ci-dessous) et demandent à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale, d'intervenir au plus vite.