Pourvu qu'on m'aime, que les autres m'acceptent, que je rencontre l'amour… Dans son premier long-métrage, Carlo Zoratti met en scène Enea, jeune homme très attachant en quête de la compagne idéale. Il a 29 ans, est autiste, déficient mental et a une idée bien précise de la femme de ses rêves. Ses deux meilleurs amis, Alex et Carlo (également réalisateur du film), décident de l'aider dans sa recherche effrénée de l'amour. Le film italien Pourvu qu'on m'aime : the special need sort en salle le 29 mars 2017.
Un road-movie tendre et drôle
En bon chef, le réalisateur nous livre sa "recette" d'une histoire réussie : un road-movie mêlant humour et tendresse, un zeste d'émotion, une pincée de naïveté, le tout saupoudré d'amitié. Ce docu-fiction met en avant deux grands thèmes interdépendants : l'amour et la sexualité face à l'exclusion et au handicap. L'accompagnement sexuel des personnes handicapées, traduit dans le titre par "special need" (besoin spécial), est un sujet sensible mais pas pour Carlo qui aide volontiers son ami Enea, impatient de découvrir le grand frisson. Mais trouver le chemin qui mène à l'amour n'est pas chose facile ; Enea doit faire face aux moqueries des uns et à l'indifférence des autres. Il ne sait comment s'y prendre... La seule chose dont il est certain, c'est qu'il est temps pour lui de "conclure".
Une obsession féminine
Il déambule dans les rues, à l'affût, et tente de charmer à la piscine. Ses séances chez le psychologue se suivent et se ressemblent, toujours la même obsession féminine. Lorsqu'il pense avoir trouvé la femme de sa vie dans un magazine, ses camarades handicapés le ramènent à la réalité : "Ces femmes-là ne sont pas pour nous". Pris d'empathie, ses meilleurs amis décident de l'emmener dans un centre qui, selon eux, guérira tous ses "maux". L'Institut pour l'autodétermination des handicapés (ISBB) existe, il se trouve dans le nord de l'Allemagne et propose un accompagnement sexuel pour les personnes avec un handicap physique et mental.
L'accompagnement sexuel au cœur de la fiction
Pour nous raconter cette touchante histoire, Carlo, Alex et Enea se sont improvisés acteurs. "Cette aventure nous a tous enrichis", avoue Carlo. Ils n'ont jamais été comédiens mais sont amis de longue date puisque Carlo était bénévole dans l'école d'Enea. Le film n'est donc pas seulement basé sur des faits réels, c'est le carnet de voyage de ces trois aventuriers que nous découvrons presque en temps réel. Un périple prévu "dès le départ", selon le scénariste. "En Italie, la prostitution est illégale. Les personnes comme Enea ne peuvent pas exprimer leur propre volonté, elles sont traitées légalement comme des enfants. Par conséquent, puisqu'actuellement il n'est ni possible ni normal pour ces personnes d'avoir des relations sexuelles avec une prostituée chez nous, le seul moyen de satisfaire le besoin d'Enea était de quitter le pays".
Un angle différent
Encore tabou dans la vie réelle, c'est un sujet abordé dans de nombreuses fictions ; les films The sessions, Viva la Vida, Indésirables ou Nationale 7 témoignent du désir grandissant d'évoquer une question que l'on ne peut plus se permettre d'éluder. L'objectif de Carlo Zoratti était de "montrer comment il est possible de regarder la vie sous un angle différent." Un pari à la fois ambitieux et risqué. "Mon espoir le plus profond, ajoute-t-il, est que les spectateurs ressentent la grandeur d'âme d'Enea et puissent s'en inspirer". Pour savoir si Enea a, finalement, trouvé la femme de sa vie, rendez-vous dans les salles obscures le 29 mars 2017 pour la sortie française de Pourvu qu'on m'aime. En attendant, suspense...
Pourvu qu'on m'aime (The special need), film-documentaire de Carlo Zoratti, sortie nationale le 29 mars 2017, distribution Aramis Films.