Seul dans son garage, Joseph Mignozzi a passé trois mois « la tête dans le guidon ». Son idée ? Concevoir un modèle de handbike (vélo adapté au handicap) à assistance électrique sans transfert, pour personnes handicapées. Baptisé Bénur, ce concept novateur aboutit à un premier prototype, qui sera présenté en juillet 2017. Le projet est également inscrit au concours de la Fabrique Aviva, qui sélectionne chaque année plusieurs idées entrepreneuriales et leur apporte une aide financière. Pour le soutenir, il est possible d'attribuer un vote jusqu'au 11 avril 2017 (lien ci-dessous). À ce jour, Bénur cumule plus de 2500 votes.
Aucun modèle sans transfert
Restaurateur passionné des métiers de bouche, Joseph Mignozzi aime sillonner les routes du pays à vélo, à la découverte des produits du terroir. En 2012, il se fait percuter par un véhicule, à deux pas de chez lui. Son accident nécessite quatre ans de rééducation, dont deux en fauteuil roulant. Durant cette période, Joseph espère pouvoir continuer à voyager en vélo mais constate qu'aucun modèle adapté au fauteuil n'existe sur le marché. « Les handbikes existants nécessitent tous de pouvoir se transférer du fauteuil roulant au vélo », souligne-t-il.
Après avoir appris la soudure auprès d'un professionnel, Joseph finit par fabriquer lui-même le modèle qu'il imagine, et le fait tester dans tout le pays. « Les retours sont très positifs. En mai et juin 2016, nous avons réalisé un petit tour de France, raconte l'initiateur du projet. Plusieurs personnes l'ont utilisé dans les Pyrénées, le long des châteaux de la Loire, en Bretagne, ainsi que dans le col du Mont Ventoux. »
Déclinable en deux versions
En pratique, Bénur nécessite de pédaler avec les mains, grâce au guidon. L'assistance électrique se déclenche au premier contact tactile. Prévu pour s'adapter à différents milieux, le vélo peut circuler en ville, sur le goudron, sur le sable mais également sur les sentiers de campagne, les chemins caillouteux ou les pentes allant jusqu'à 15% d'inclinaison.
Il peut également être utilisé en tandem. Dans ce cas, il est attelé, pour permettre aux personnes tétraplégiques de profiter du déplacement. « Cette version a également beaucoup de succès. La priorité est de donner la possibilité à tous de découvrir le bonheur du voyage à vélo, quel que soit le handicap », rappelle Joseph.
Le vélo libre-service version handicap ?
Couleurs franches, design épuré… Bénur veut s'éloigner de l'aide technique classique. À terme, Joseph souhaite d'ailleurs sensibiliser les collectivités pour mettre ce handbike à disposition de tous, à la manière des vélos accessibles en libre-service dans les grandes villes. « L'objectif n'est pas de vendre du matériel médical à 15 000 euros. Je préfère que Bénur soit utilisé comme un vélo classique, à un moindre coût », explique-t-il.
Pour faire avancer le concept, l'incubateur Ronalpia accompagne l'équipe porteuse du projet, composée d'un ergothérapeute et d'un chef designer du bureau d'étude Mezière IDC. Joseph s'est aussi entouré de la société Milc Industry pour le prototypage. Le CEREMH (Centre de ressources et d'innovation mobilité handicap) Rhône-Alpes, qui y voit une grande utilité, s'est également constitué partenaire. Question commercialisation, l'équipe vise l'automne 2017. D'ici là, le Bénur, char d'un nouveau genre, pourrait bien séduire de nouveaux voyageurs…
© Bénur