Lunettes avec sous-titre : enfin le cinéma pour les sourds ?

Des lunettes individuelles qui diffusent un sous-titrage pour les cinéphiles sourds et malentendants. On doit cette prouesse à Sony qui lance son procédé en Europe. Peut-être déjà dans certaines salles en 2013 ! Pour en finir avec le cinéma muet

• Par

Un sous-titrage qui défile dans des lunettes. C'est la prouesse que réalise Sony Digital cinéma avec son tout nouveau système de « lunettes sous-titres » destinées aux cinéphiles sourds ou malentendants. Le principe est simple à définir, nettement plus complexe à concevoir. Confortablement installé dans votre fauteuil, à n'importe quelle séance, vous chaussez cette paire de lunettes, comme vous le feriez pour une projection en 3D. Reliée à un petit boitier, lui-même connecté à un émetteur placé en régie, elles affichent un texte dans le champ de vision du spectateur (à la différence d'autres technologies qui obligent à alterner entre un écran séparé et celui de la salle).

En 6 langues et en 3D

Ce texte est en réalité une image holographique, lumineuse, de couleur verte, réputée être la plus perceptible par l'œil humain. Le système est conçu pour recevoir une traduction en six langues. Ces lunettes sont également compatibles avec le visionnage de films en 3D puisqu'il suffit alors d'y fixer un filtre supplémentaire. Elles peuvent être utilisées, en renfort, par des personnes équipées de prothèses auditives.

Les bémols de la nouveauté

Ce procédé inédit a été lancé officiellement en Europe le 5 février 2013, au sein du Gaumont-Pathé Opéra, à Paris. Un premier test, dans les cinémas de Montpellier et Toulouse, avait permis de faire remonter les réactions des utilisateurs. Dans la salle parisienne, même si tous saluent l'intérêt du concept, des bémols se font tout de même entendre : larmes pour l'un d'entre eux, difficulté pour faire la mise au point visuelle entre le sous-titrage et l'écran, gêne en cas de port de prothèse auditive ou pour les personnes ayant déjà une paire de lunettes. D'autres réserves aussi, qui portent cette fois ci sur le fait que les sous-titres ne sont diffusés qu'en une seule couleur, alors que le sous-titrage proposé à la télé en possède plusieurs qui permettent de distinguer chaque protagoniste mais également les commentaires descriptifs. Enfin, le texte est diffusé sur trois lignes, une option qui complique la lecture de ceux qui ont pris l'habitude de lire sur deux.

Verdict après 90 minutes !

Après cette courte séance d'initiation, on a donc voulu tester sur un long métrage. Une heure trente avant le verdict ! Cela suppose quelques petits réglages préalables : trouver la bonne place, de préférence dans le tiers arrière de la salle et au milieu, régler la luminosité et la distance par rapport à l'écran, ajuster la pose sur le nez ou encore l'orientation de verres pour que le texte ne vienne pas se coller au milieu de l'image. Envoyez la pellicule... Au bout d'une heure, malgré leur légèreté (84 grammes), les branches des lunettes commencent à peser au niveau des oreilles mais pas davantage que leurs consœurs en 3D auxquelles nous ne sommes pas encore vraiment habitués. Malgré tout, on s'y fait. Le test s'avère donc plutôt concluant. Les ingénieurs de Sony, présents dans la salle, promettent quelques réglages pour prendre en compte les doléances du public concerné.

1 500 euros par équipement

Il faut savoir qu'en France, plusieurs millions de personnes sourdes (300 000) et malentendantes (4 à 6 millions) ne peuvent aller au cinéma par manque de salles équipées (notamment de boucles magnétiques) et de films sous-titrés (reste l'alternative de la VO pour les films étrangers mais quid des films en français ?). Aujourd'hui, grâce à ces lunettes, elles ne seraient donc plus soumises à aucune contrainte, pourraient se rendre dans leur salle à n'importe quel moment pour y visionner tous les films désirés. Le meilleur des scénarii pour l'inclusion ! Mais, évidemment, de tels équipements supposent, pour les gérants de salles, un investissement important : près de 1 500 euros pour chaque unité, comprenant l'émetteur en cabine, le boitier de chargement et les lunettes.

Testé chez Gaumont

Après la phase de test dans deux villes, les cinémas Gaumont et Pathé semblent séduits... « Nous avons été précurseurs avec la programmation des séances sous-titrées pour les malentendants, précise François Ivernel, leur PDG. Avec les lunettes Sony, toutes les séances pourront leur être accessibles. ». Depuis juillet 2012, 6 000 paires sont déjà disponibles dans les salles américaines. Sony espère en diffuser tout autant en France d'ici 2015 pour répondre aux exigences d'accessibilité à tous les handicaps fixée par la loi de 2005. Elles seront commercialisées en Europe courant 2013. Pour de nombreux cinéphiles, c'est enfin la fin du cinéma... muet !

Un casque d'audio-description

A noter qu'un casque d'audio-description était également proposé à la démonstration, qui détaille, entre les dialogues, les actions et descriptions des scènes pour les personnes aveugles ou malvoyantes. Un duo appréciable pour toutes les personnes ayant une déficience sensorielle !

« Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Handicap.fr. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, sans accord. »

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
Commentaires3 Réagissez à cet article

Thèmes :

 
3 commentaires

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.