"Pas de métro, pas de boulot !" : plusieurs dizaines de personnes en fauteuil roulant ont manifesté le 26 septembre 2018 à Paris pour dénoncer l'inaccessibilité de la quasi-totalité du réseau de métro parisien aux personnes handicapées. Les militants de l'association APF France handicap ont notamment collé aux entrées de certaines stations une affiche représentant le plan du réseau RATP qui leur est accessible... et qui se réduit à une seule des 14 lignes. Au total, sur les 303 stations du métro parisien, seules les 9 stations de la 14 sont équipées pour les usagers handicapés, soit seulement 3% du réseau. A titre de comparaison, 18% du réseau de métro à Londres est accessible aux personnes à mobilité réduite, 82% à Barcelone et 88% à Tokyo, souligne APF France Handicap.
Profiter de Paris 2024
"Il faut profiter des Jeux olympiques de 2024 pour lancer dès maintenant un plan de mise en accessibilité des transports parisiens en général et du métro en particulier", a plaidé Alain Rochon, le président de l'APF, venu manifester devant les... escaliers qui mènent à la station République. Interrogée par l'AFP, la RATP a souligné qu'elle se conformait aux engagements souscrits par Ile-de-France mobilité, l'autorité organisatrice des transports dans la région. A Paris, le réseau de bus, 100% accessible, est considéré au regard de la loi comme le moyen de transport de "substitution" pour les personnes handicapées, a précisé Marie-Christine Raoult, responsable de la mission accessibilité à la RATP. Elle reconnaît que, pour l'heure, la régie n'a aucun projet de mise en accessibilité du métro, mais souligne que, outre le bus, l'ensemble du réseau de tramway est par ailleurs accessible aux personnes handicapées, ainsi que 63 des 65 gares des lignes RER exploitées par la RATP. "Si on compte la ligne 14 du métro, les gares RER et les 3 stations de Orlyval, on arrive à 20% de stations et gares accessibles, pour les réseaux RATP", pourcentage qui va passer à 27 % en 2024, estime-t-elle.
Ad'ap, date anniversaire
Au-delà du cas du métro parisien, l'APF avait appelé ses militants à manifester partout en France le 26 septembre pour "dénoncer les retards et lacunes accumulés dans la mise en accessibilité de la France". Cette mobilisation intervenait à la veille d'une première échéance prévue par une loi de 2015 pour que les établissements recevant du public -principalement les petits commerces et les cabinets médicaux- soient accessibles, ou au moins que leurs gérants déposent en préfecture un "agenda" dans lequel ils détaillent selon quel calendrier ils comptent s'adapter. Or, "il n'existe qu'un très faible nombre d'indicateurs publics concernant l'état d'avancement" de ce processus, déplore l'APF. "D'après ce qui remonte de nos adhérents, les progrès sont en tout cas très insuffisants", assure-t-on de même source.
Pire : d'après une étude réalisée par l'APF en Pays de la Loire, et portant sur un échantillon de 442 établissements de la région ayant déclaré sur l'honneur être désormais totalement accessibles aux personnes handicapées, 12% ne l'étaient pas du tout - pour certains types de handicap -, et 74% "difficilement". "Ce résultat est pitoyable et nous révolte. L'État doit faire appliquer la loi !", a dit à l'AFP Jean-Pierre Blain, le responsable de l'APF à Nantes.