Autisme : polémique sur la fin du packing en France

Le gouvernement annonce l'interdiction du packing dans les établissements médico-sociaux. Cette pratique controversée est pourtant défendue par certains parents qui constatent un apaisement pour leur enfant en cas de troubles autistiques sévères.

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Le glas du packing aurait-il sonné le 21 avril 2016 en France ? A l'occasion de son bilan d'étape sur le plan autisme 2013-2017, Ségolène Neuville, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées, annonce qu'une « circulaire adressée aux ARS (Agences régionales de santé) dans les tous prochains jours indiquera clairement que la signature des contrats d'objectifs et de moyens des établissements médico-sociaux est strictement subordonnée au respect d'engagements de lutte contre la maltraitance, et donc à l'absence totale de pratique du packing ». En d'autres termes, que tout établissement qui ne pas satisfait à l'injonction de l'Etat dans le délai escompté risque la fermeture ou de se voir privé de financements.

Le packing, c'est quoi ?

Le packing, ou enveloppement humide en français, c'est le fait d'envelopper le corps d'un enfant autiste dans des draps passés sous l'eau froide à environ 10° avant d'être essorés. Puis, il est placé dans une couverture pour être réchauffé. En trois à cinq minutes, il retrouve une température de 36° puis, au bout d'une heure, de 37°. Pendant ce temps, deux ou trois soignants restent à ses côtés. L'objectif est de créer une sorte de choc thermique ; selon certains praticiens, ce passage du froid au chaud a des effets physiologiques indéniables, encourageant la sécrétion d'endorphine, l'hormone de la détente. Cette méthode permettrait donc au patient de reprendre conscience de son enveloppe corporelle et de se sentir apaisé.

Un débat exacerbé

Dans les jours qui ont suivi cette annonce, des voix contraires se sont fait entendre sur cette pratique apparue dans les années 60 qui alimente un débat exacerbé depuis une quinzaine d'années, attaquée par un lobby d'associations françaises, Autisme France en tête. Peu répandue, elle est devenue malgré elle le symbole de la prise en charge psychiatrique de l'autisme et cristallise toute la violence du conflit qui oppose les partisans des méthodes comportementales à ceux d'une approche psychanalytique du traitement de l'autisme. 

Apaisement ou maltraitance ?

La décision du gouvernement français épouse les positions communes de la HAS (Haute autorité de la santé) et de l'ANESM (établissement qui a pour objectif de développer une culture de la bientraitance au sein des établissements et services qui accueillent des personnes vulnérables), ou encore de l'Organisation des Nations unies (ONU) qui va jusqu'à définir le packing comme un « acte de maltraitance ». A son tour, la récente circulaire ministérielle affirme que « cette pratique doit être considérée comme une mise en danger de la santé, de la sécurité et du bien-être moral et physique des personnes ». De son côté, Autisme France estime, dans son bulletin mensuel, « que le gouvernement n'est pas allé assez loin puisqu'il limite l'interdiction du packing aux établissements médico-sociaux alors qu'il est le plus souvent pratiqué dans les hôpitaux ». Pourtant Ségolène Neuville a précisé que les inspections au sein des hôpitaux de jour de pédopsychiatrie, destinées à vérifier si les recommandations de bonne pratique de la HAS sont bien appliquées, démarreront en 2016.

Des parents adeptes

Cette pratique reste néanmoins défendue par certains parents plongés dans des impasses thérapeutiques en cas de troubles autistiques sévères pour lesquels rien ne marche ni ne soulage, par exemple lorsque l'enfant s'automutile ou se frappe la tête contre les murs. Ce fut le cas de la présentatrice télé Eglantine Eméyé qui, dans son livre, Le voleur de brosse à dents (2014), révélait avoir testé le packing avec son fils, Samy, autiste et polyhandicapé. A la suite de cette parution, elle avait été prise à parti par de nombreuses associations de personnes autistes et s'était défendue en affirmant, qu'à titre personnel, sans pour autant chercher à en faire la promotion, elle avait constaté que ces enveloppements avaient apaisé Samy. Elle-même avait souhaité en faire l'expérience.

Le gouvernement, avec le souci de bien faire et d'éteindre l'incendie à feu nourri contre le packing, n'est-il pas allé un peu vite en besogne ? En effet, une étude scientifique pluridisciplinaire est menée depuis plusieurs années avec une quinzaine d'équipes hospitalières. Commandée par le ministère de la Santé, elle devrait être rendue publique d'ici quelques semaines et publiée dans une revue médicale.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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