Alors qu'elles représentent 8,4% des travailleurs, les personnes en situation de handicap ont un taux de chômage de 21%, soit plus du double de la moyenne nationale en 2016. Seuls 30% des établissements assujetis satisfont à leur obligation uniquement par de l'emploi direct. Conscientes de ces enjeux, Laure d'Harcourt et Lea Hardouin, deux étudiantes, ont créé le projet Premier pas. L'objectif ? Partir durant 6 mois à la rencontre d'entreprises françaises et étrangères qui portent des projets innovants, agissent en faveur du handicap et le placent au cœur de leur modèle.
Relayer les bonnes pratiques
« La différence n'est pas un frein à l'entrepreneuriat et peut, au contraire, être créatrice de valeur et source d'innovation », selon les deux jeunes femmes. Laure, 23 ans, est étudiante à l'Edhec, école de commerce, et Léa, 22 ans, suit un master en relations internationales. Portées par leurs engagements associatifs auprès de malades et de personnes handicapées, toutes deux ont décidé de faire une année de césure pour se focaliser sur leur projet. Convaincues que c'est en relayant les bonnes pratiques que les actions autour du handicap se développeront, elles sont parties sillonner la France fin janvier 2018. Paris, Nice, Bordeaux, en passant par Nantes et Lorient, le périple des deux aventurières va s'étendre jusqu'en Allemagne puis en Amérique du sud et durera au total 6 mois. « Le handicap est de plus en plus présent, notamment psychique. Il faut donc prendre en compte cet enjeu et l'intégrer de façon pérenne et innovante. Donc autant utiliser notre mobilité et notre intérêt pour cette thématique pour aller rencontrer tous les entrepreneurs et manageurs qui valorisent les personnes en situation de handicap. »
À la rencontre d'entreprises innovantes
Léa et Laure ont déjà rencontré diverses entreprises. Parmi elles, « Sabooj », une agence de communication à Paris qui travaille avec des personnes sourdes ou malentendantes. « C'est assez paradoxal de voir que des personnes sourdes peuvent travailler dans les métiers de la communication, et de comprendre comment le handicap peut être une valeur ajoutée. Le chef d'entreprise nous expliquait que ces personnes ont davantage de sensibilité et développent une autre forme de créativité pour s'exprimer dans les métiers du graphisme et du web design. Tout ne passe pas par l'oral », explique Léa. Les globetrotteuses veulent également rencontrer des start-up portées sur les nouvelles technologies. Le but est d'identifier des produits et des services qui répondent aux besoins des personnes handicapées et qui, à long terme, répondront conviendront à d'autres publics. « Beaucoup de produits ont été pensés en lien avec le handicap comme la télécommande qui a été créée pour des personnes en fauteuil roulant et qui est aujourd'hui utilisée plus généralement », souligne Léa.
Mettre en avant des initiatives professionnelles
Pendant six mois, les deux étudiantes ont préparé leur projet et réfléchi à un moyen de collecter des fonds. Elles ont eu recours au financement participatif en organisant un concert de Noël ainsi qu'une pièce de théâtre, et ont bénéficié d'une bourse jeune et d'une aide de l'Institut de France. Durant leur périple, elles ont prévu de tourner des reportages vidéo et de rédiger des articles et souhaitent également réaliser une étude comparative des modèles d'entrepreneuriat et techniques de management pour inspirer étudiants, acteurs publics et leaders de demain. « Employer une personne en situation de handicap, ce n'est pas une contrainte, c'est une opportunité pour innover », précisent-elles à l'unisson. Léa et Laure mènent également des actions de sensibilisation au handicap dans des lycées.
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