Campus Louis Braille à Paris: l'IA au service des malvoyants

Au campus Louis Braille à Paris, 17 startups misent sur l'IA pour améliorer le quotidien des personnes malvoyantes ou aveugles. Objectif ? Faciliter déplacements, accès à la culture et autonomie dans la vie quotidienne.

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Thibaut de Martimprey, avec sa canne blanche, à l’entrée du campus Louis Braille

« Notre objectif c'est de rendre la ville de demain accessible », déclare Robin Le Gal, cofondateur d'Ezymob, rencontré par l'AFP à l'Institut national des jeunes aveugles (Inja) qui abrite, dans le 7e arrondissement de la Capitale, une partie du campus Louis Braille inauguré début décembre 2024 (Campus Louis Braille : pôle d'excellence sur la malvoyance). Déployée sur quatre territoires (Besançon, île de la Réunion, Rouen, Lyon), son application, qui compte aujourd'hui 12 000 utilisateurs, permet - entre autres - aux personnes aveugles et malvoyantes de détecter l'emplacement des portes des véhicules, les places libres ou encore de compter les arrêts en alertant les usagers au moment de la descente.

L'IA au cœur des déplacements et de l'accessibilité

« Concrètement, si une personne arrive dans un bus, elle sait exactement où s'asseoir ou elle sait s'il n'y a pas de place, l'application va émettre un bip et un signal vibratoire s'il y a une place de libre », détaille Robin Le Gal. « On a intégré un algorithme d'IA qui va permettre d'analyser l'image et localiser des infrastructures clefs des transports comme les tourniquets, les portes, les sièges. On est par exemple capable de dire 'porte ouverte à cinq mètres dans cette direction' ».

Développer des solutions concrètes

Au total, 17 startups sont hébergées sur le campus Louis Braille, du nom de l'inventeur de l'écriture en relief, avec un objectif : « développer des solutions concrètes », insiste son directeur Thibaut de Martimprey, lui-même déficient visuel (en photo ci-dessus). « On n'est pas un hôpital, la recherche ici porte sur l'amélioration de la vie des personnes malvoyantes et aveugles dans leur vie quotidienne : comment on va favoriser les déplacements, comment leur permettre d'acheter leur pain en toute autonomie, se rendre à une séance de cinéma ou suivre un match de foot. C'est toute la question de l'inclusion et de l'accessibilité », ajoute-t-il, 20 ans après la loi Handicap de 2005 qui peine à être appliquée dans sa totalité, au grand dam des associations (Loi de 2005 toujours pas appliquée : place à l'action!).

Une ceinture haptique pour marcher les yeux fermés

Parmi les startups hébergées, certaines commencent à se faire un nom, à l'image d'Artha France. Son dispositif, qui a reçu le prix Lépine 2024, se présente sous la forme d'une paire de lunettes équipées d'une mini-caméra transmettant les données visuelles en sensations tactiles via une ceinture lombaire (Aveugle : une ceinture haptique pour marcher les yeux fermés). Concrètement, les images filmées par la caméra sont traduites, grâce à la ceinture lombaire, dans le dos de l'utilisateur par des impulsions qui permettent à la personne malvoyante ou non-voyante d'avoir une perception plus précise de son environnement, explique à l'AFP le cofondateur de la société Louis de Véron.

Faciliter l'accès à la culture et aux loisirs

« L'IA permet de reproduire tous les traitements d'images que le cerveau réalise », ajoute-t-il. De la même manière, « on utilise également l'IA pour permettre la lecture de sigles d'enseignes dans la rue. S'il y a écrit 'boulangerie', le dispositif va lire 'boulangerie'. C'est une fonctionnalité qui est très demandée par les personnes non-voyantes ».

Améliorer le quotidien, mais également faciliter l'accès à la culture et aux loisirs. La startup britannique Givevision développe des casques à réalité augmentée qui permettent aux spectateurs malvoyants de « vivre au plus près » une rencontre sportive.

Un enjeu de justice sociale et d'égalité

« Il y a beaucoup de dispositifs en France qui existent mais qui sont faits pour les non-voyants, avec la tablette tactile, l'audiodescription mais jusqu'à présent rien pour les malvoyants », dit à l'AFP Cissé Doucouré, responsable du développement commercial France de la startup, elle-même malvoyante. « Or, de notre place, si on n'a pas d'équipement, on va voir des personnes qui courent mais on ne pourra pas distinguer qui fait partie de telle équipe, si ce sont des hommes ou des femmes », ajoute-t-elle. « C'est important qu'on soit tous sur le même pied d'égalité. »

Selon les estimations officielles, près de 1,7 million de personnes sont atteintes d'un trouble de la vision en France, dont plus de 200 000 aveugles.

© campusbraille.fr

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