Un robot pour communiquer avec les jeunes autistes ?

Quand un robot humanoïde permet à de jeunes autistes de communiquer... C'est le projet Rob'autisme mené depuis plus d'un an à Nantes. Les résultats commencent à se faire sentir. Cette expérience pourrait être développée ailleurs en France.

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Par Anne-Sophie Lasserre

Un petit robot humanoïde peut-il aider un jeune autiste à communiquer ? Au sein d'ateliers culturels à Nantes, des adolescents ont réussi à s'ouvrir à l'autre au contact de cet outil, une expérimentation prometteuse qui va être approfondie. « Cela part d'abord d'objectifs thérapeutiques, de soins. Est-ce que la manipulation et la programmation d'un robot pouvait avoir un intérêt thérapeutique pour ces jeunes, empêchés dans l'interaction à l'autre, dans la communication ? », retrace Laura Sarfaty, pédopsychiatre au CHU de Nantes, lors d'une présentation du projet Rob'autisme (lien ci-dessous).

Un robot qui parle à leur place

Pendant six mois, une enseignante-chercheur en robotique et présidente de l'association Robots!, a appris -appuyée par un orthophoniste et des infirmiers du centre psychothérapique Samothrace du centre hospitalier- à six adolescents souffrant de troubles du spectre autistique à utiliser un logiciel permettant de gérer les mouvements et la voix du petit robot « Nao » (article en lien ci-dessous). « Ce robot leur sert de moyen pour s'exprimer, tout en restant à l'abri des regards car c'est le robot qui parle à leur place », explique Sophie Sakka, chercheur en robotique, qui a dirigé ces ateliers d'une heure tous les quinze jours dans les locaux de Stereolux, structure culturelle nantaise.

Des sentiments et des histoires

« On a été surpris de voir que spontanément, ils s'en servaient pour parler à l'autre. Dès les premières séances, il y a une appropriation très forte et très personnelle de cet outil-là. Au fil des séances, on a vu de vrais progrès. Ils ont prêté leurs voix aux robots, mais aussi des sentiments, des histoires, l'un imaginant par exemple que son robot pouvait aller à l'école à sa place », explique le docteur Sarfaty. « Quand ils arrivaient en atelier, ils faisaient une course vers les tables pour être le premier à faire dire quelque chose au robot, et de préférence quelque chose de drôle. Un jour, l'un des enfants a dit 'Je suis ton père' d'une voix très grave, et un deuxième a répondu 'Je suis ta sœur' d'une voix très aiguë. Il y a eu donc communication », raconte Sophie Sakka.

Des réactions inespérées

« Au début, c'était beaucoup d'insultes, ce qui est du domaine de l'interdit, et maintenant ils expriment leurs sentiments, quand ça va ou que ça ne va pas. J'ai vu un enfant prendre un autre par l'épaule, et ça c'est inespéré ! », s'enthousiasme Mme Sakka. « Ça se passe de mieux en mieux pour Benjamin, aujourd'hui son intégration au collège se fait parfaitement. Cette aventure lui a permis de s'ouvrir un peu à l'extérieur. Ça lui a permis d'être écouté et d'être à l'écoute, il apprend à laisser la place à l'autre », témoigne Virginie, la mère d'un des adolescents qui souffre de trouble envahissant du développement. « C'est ce petit truc qui a réussi ce miracle », lance Sophie Sakka en désignant le robot articulé. « Ou plutôt la méthode choisie : dès le début, on a fait le choix de mettre les enfants face à face, de les faire travailler deux par deux afin de montrer à l'autre ce qui venait d'être programmé », insiste-t-elle.

Une première année très riche

Après « cette première année d'expérimentation cliniquement très riche », les séances ont repris début janvier et se dérouleront jusqu'à juin 2016. L'équipe va proposer aux adolescents des improvisations spontanées et d'écrire des saynètes pour en faire une restitution publique, lors d'un spectacle, et l'atelier « est utilisé cette fois comme objet de recherche » scientifique, indique le docteur Laura Sarfaty. « On se pose plein de questions. Les progrès sont-ils constants ou vont-ils se tasser quand l'outil leur deviendra trop familier ? (...) Ce qui est important, c'est que les bienfaits restent dans le temps », souligne la pédopsychiatre. Si les résultats sont concluants, le projet, soutenu par l'École centrale de Nantes, pourrait être imité ailleurs en France.

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