200 milliards d'euros par an, plus de 11% du produit intérieur brut aujourd'hui. Notre système de santé est, selon Edouard Philippe, un « patrimoine que nous partageons collectivement et dont nous pouvons être fiers ». Pourtant, poursuit-il, il est « menacé si nous demeurons dans un statu quo ou si nous nous contentons d'ajuster l'existant ».
5 grands chantiers
Financement, numérique, formation... Le Premier ministre et la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ont donc dévoilé le 13 février 2018 leurs priorités pour la « transformation du système de santé » (en lien ci-dessous). Pas de mesures concrètes mais une approche, une méthode et un début de calendrier… Cinq grands chantiers ont été définis dans le document rendu public : la qualité et la pertinence des soins, les modes de financement et de régulation, le virage numérique, la formation et la qualité de vie au travail des professionnels de santé et enfin l'organisation territoriale des soins. Selon le gouvernement, « pour faciliter la conduite de ces chantiers, il faut alléger au maximum le carcan administratif qui entrave l'action et retarde l'innovation ». Dans ce but, une vaste mission de simplification, qui concernera l'ensemble des acteurs de la santé, sera lancée au premier trimestre 2018.
Réaction positive
« Ces pistes sont assez percutantes, et nous avons envie d'être optimistes, explique Karim Felissi, conseiller FNATH (Fédération des accidentés de la vie), d'autant qu'elles misent sur la prévention et le lien avec le secteur médico-social. » Il s'interroge néanmoins sur le « virage ambulatoire » devenu, semble-t-il inéluctable : « C'est un vrai sujet mais comment ce virage peut-il être amorcé en ayant des services à domicile qui se cassent la figure car les tarifs sont en dessous du prix de revient ? ». Il mentionne également de « lourds écueils » qui impliquent le décloisonnement avec le secteur médico-social, ou encore la télémédecine qui n'en est encore qu'au tout début de la négociation avec les professionnels de santé. Et de poursuivre : « Nous serons donc très vigilants sur la façon dont les choses vont s'engager. Tout reste à faire ; nous n'en sommes qu'au temps zéro de cette transformation. » Mais il observe « une volonté politique manifeste », d'autant que le PLFSS (Projet de loi de finances de la Sécurité sociale) « propose des outils juridiques qui vont permettre la mise en œuvre de transformations, pour sortir enfin de la simple expérimentation ».
Quel calendrier ?
Après une concertation de mars à mai, la feuille de route définitive devrait être dévoilée d'ici l'été. Soucieux de ne « pas bouleverser les équilibres », l'exécutif va confier ce dossier sensible à une équipe d'experts chargés de proposer plusieurs nouveaux modèles de financement d'ici fin 2019. Mais une consultation publique sera aussi engagée invitant chaque citoyen à contribuer en ligne. Cette réforme s'étalera au moins jusqu'à la fin du quinquennat. Afin de mener à bien ces chantiers, 100 millions d'euros seront dédiés annuellement à l'accompagnement de cette transformation, hors ONDAM.