Quelles sont les femmes les plus victimes de violences conjugales ? Les jeunes, âgées de moins de 25 ans, et handicapées ! C'est ce que révèle une étude menée par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), publiée le 16 mars 2016 (en lien ci-dessous). A partir des résultats des enquêtes « Cadre de vie et sécurité » conduites entre 2008 et 2014, elle dresse le portrait-robot des victimes de violences physiques et sexuelles au sein du couple, très précisément par le « conjoint cohabitant », qu'il soit homme ou femme. Les trois éléments de profil analysés ont été l'âge, le niveau de diplôme et une caractéristique inédite, la situation de handicap ou de « gêne dans la vie quotidienne ».
Handicapées, des victimes vulnérables
En deux ans, 400 000 personnes ont subi les agressions physiques ou verbales de leur partenaire, soit 8,2 pour mille (0,8%) pour les hommes de 18 à 75 ans et à 18,7 pour mille (1,9%) pour les femmes du même âge. Le constat est sans appel pour les femmes réputées plus vulnérables. On observe ainsi des taux de violence très significativement supérieurs sur celles qui sont handicapées, soit plus de 30 pour mille (3%). A l'inverse, pour les hommes en situation de handicap, le taux de violences physiques ou sexuelles par conjoint cohabitant est très inférieur au taux moyen correspondant (3 pour mille contre, rappelons-le, 8,2 pour mille pour les hommes « valides »).
Selon l'ONU, 4 femmes handicapées sur 5
Même si ses chiffres semblent bien en-deçà, les conclusions de cette analyse confirment la tendance dénoncée par l'ONU dans le monde. En effet, selon elle, quatre femmes handicapées sur cinq seraient victimes de violence, soit 20% d'entre elles ; cet écart peut s'expliquer par le fait qu'elles sont l'objet de violence non seulement au sein du couple (comme étudié dans l'étude) mais également de la part de leurs enfants, au travail, dans les établissements et même dans la rue.
Un numéro d'écoute dédié
Cette situation nourrit et légitime le combat mené par l'association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA), qui milite en faveur des femmes handicapées. Face à ce constat critique, elle a mis en place, en mars 2015, une plateforme « Ecoute violence femmes handicapées », un numéro d'urgence qui leur est spécialement dédié : le 01 40 47 06 06 (article en lien ci-dessous). Et parce qu'une image vaut parfois mieux qu'un long rapport, l'association signe un film coup de poing qui met en lumière huit témoignages (article en lien ci-dessous). Des histoires vraies ! Pour le mari de Cécile, l'humiliation est un jeu : il fait tourner son fauteuil jusqu'à lui faire perdre la tête puis la pousse dans une rue en pente ; elle veut divorcer mais n'est pas certaine de le pouvoir. Une jeune femme sourde explique en langue des signes comment son mari la bat chaque jour, pour rien, lui jetant son handicap à la figure. Ce film s'appelle « Violences du silence », de ces silences que l'on rencontre, parfois, dans l'intimité des foyers…
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