Le vice-Premier ministre bulgare Valeri Simeonov, un nationaliste allié du chef du gouvernement conservateur, a démissionné le 16 novembre 2018 après plusieurs semaines de manifestations de mères d'enfants handicapés qui s'étaient jugées insultées par ses déclarations, et dans un contexte de tension sociale. "J'ai remis ma démission de mon poste de vice-Premier ministre du gouvernement bulgare", a déclaré M. Simeonov aux journalistes. Le service de presse du gouvernement a de son côté indiqué que la démission avait été acceptée par le Premier ministre, le conservateur Boïko Borissov.
Une poignée de femmes véhémentes
Des mères d'enfants handicapés, d'abord mobilisées pour demander au Parlement bulgare de meilleures aides sociales, manifestaient tous les soirs à Sofia depuis plusieurs semaines pour exiger la démission du vice-Premier ministre. Celui-ci, dans un communiqué publié mi-octobre, avait décrit leur combat comme celui d'une "poignée de femmes véhémentes qui instrumentalisaient leurs enfants et manipulaient la société en exposant à la chaleur et à la pluie ces enfants prétendument malades (...) dans le seul but d'obtenir des gains matériels". M. Simeonov avait publié ce communiqué après que les mères avaient amené leurs enfants handicapés devant le siège du Parlement pour réclamer davantage d'aides sociales.
La colère des mères
Valeri Simeonov, 63 ans, est le co-dirigeant de la formation nationaliste Patriotes unis, allié minoritaire dans la coalition au pouvoir. Il avait déjà fait scandale avec des déclarations sur les Roms et les migrants, et n'était revenu que sans grande conviction apparente sur ses propos, sous la pression du Premier ministre et de ses partenaires au sein des Patriotes unis. Cela n'avait pas suffi à apaiser la colère des mères, alors que la tension a monté ces dernières semaines autour de questions comme les prix élevés du carburant, la hausse de ceux du chauffage et le faible niveau de vie dans le pays le plus pauvre de l'Union européenne.
Manifestation nationale
Des milliers de Bulgares ont manifesté le 11 novembre dans tout le pays contre les prix élevés des carburants, bloquant la circulation dans une vingtaine de villes et sur les principales routes du pays. Boïko Borissov, dans une interview à la télévision visant à apaiser les protestations, avait placé le sort de M. Simeonov entre les mains de ses alliés nationalistes. Il avait souligné que limoger M. Simeonov signifierait faire éclater la coalition au pouvoir, qui ne bénéficie que d'une courte majorité au Parlement grâce aux Patriotes unis.