C'est un véritable modèle d'économie sociale et solidaire. Mêlant business et utilité sociale, Familles solidaires fait construire des logements adaptés aux personnes handicapées, âgées ou cérébrolésées. Ces habitations sont proposées en colocation ou sous forme de maisons et d'appartements, regroupés ou individuels, afin de favoriser l'autonomie et de permettre l'intégration en milieu ordinaire.
Vivre entouré et accompagné
Familles solidaires apparaît comme une troisième voie, une solution entre l'établissement médical spécialisé et le domicile privé qui engendre parfois de l'isolement. Imaginée par des familles et pour des familles, elle a reçu le prix Ocirp Acteur Économiques et Handicap, dans la catégorie « réalisation et partenariats éditoriaux », en juin 2016. Les prix Ocirp récompensent chaque année les acteurs qui se mobilisent en faveur de l'intégration des personnes handicapées dans la société. Ces enjeux de l'accompagnement et de la différence, Jean Ruch, à la tête de Familles ordinaires, les connaît bien. Aidant familial et père de deux enfants, il met son expérience au service des projets innovants de la société. « Nous luttons contre l'isolement social à travers une colocation gratifiante pour chacun, en étant surveillé, a-t-il précisé à l'occasion de la cérémonie. Nos résidents sont au milieu de la cité et des commerces. La richesse, c'est de pouvoir croiser ses voisins tous les jours ». Dans la salle, certains locataires étaient présents, venus d'Alsace pour manifester leur enthousiasme. L'un d'entre eux témoigne : « J'ai une vie ordinaire. En phase de réparation, mais ordinaire ».
K'hutte, un premier pari réussi
Dans l'éco-quartier de Strasbourg-Cronenbourg, les projets de Familles ordinaires prennent vie ; le projet d'habitat participatif K'hutte, un programme d'autopromotion lancé en 2010, propose deux appartements entièrement adaptés. Sécurisés et bien pensés, ces logements sont entièrement accessibles aux personnes en situation de handicap. Ils garantissent une accessibilité intérieure et extérieure, prennent en compte les séquelles cognitives des résidents mais aussi leurs besoins en terme de circulation, d'aménagement… Adaptation électrique, systèmes de téléalarme, revêtements longue tenue, renforcement des angles et protection des bas de porte… Tout est pensé pour prévenir les risques, garantir autonomie et confort au quotidien. À Marseille, une maison familiale destinée aux personnes cérébrolésées est en cours d'implantation.
« Leurs lendemains, notre avenir »
« En France, 3% de personnes cérébrolésées sont en établissement, et 97% à domicile. Cela pose des problèmes multiples comme l'isolement ou le vieillissement. Nous devons imaginer leurs lendemains comme étant notre avenir, pas celui des pouvoirs publics », ajoute Jean Ruch. Depuis quelques années, les projets de logement accompagné se développent un peu partout, à l'initiative de différentes associations. C'est le cas des maisons partagées Simon de Cyrène qui essaiment en Ile-de-France. Cinq nouvelles maisons devraient accueillir des locataires à Rungis (Val-de-Marne), dès la fin 2016 (lire article en lien ci-dessous). Dans tout le pays, les maisons des communautés de l'Arche proposent aussi des lieux de résidence pour personnes en situation de handicap mental. L'habitat partagé semble revenir en force. L'occasion de partager un peu plus qu'une simple cage d'escalier…
© Laura Lezzi / Familles solidaires