Certaines expériences sont inoubliables et résistent au temps, à la maladie. Alzheimer a volé tous les souvenirs de Marta Cinta González... Presque tous. Casque sur les oreilles, cette ex-ballerine espagnole écoute avec émotion le Lac des cygnes, célèbre ballet de Tchaïkovski qui l'avait mise en lumière dans les années 1960. Dès les premières notes, tout lui revient. Le placement des danseurs, les mouvements de bras, jusqu'au port de tête... La danseuse étoile n'a rien perdu de sa grâce. Un dernier tour de scène poignant devenu viral.
Le pouvoir de la musique
« Il faudrait aller chercher mes pointes ! », sourit Marta Cinta dans cette vidéo (ci-contre) réalisée en 2019 mais publiée fin octobre 2020 par l'association Música para despertar (« La musique pour s'éveiller », en français) en l'honneur de cette ancienne star du New York City Ballet qui s'est éteinte dans sa maison de retraite d'Alicante, en Espagne. Un vibrant hommage qui met en lumière le pouvoir de la musique. Cette association promeut en effet cette approche thérapeutique dans le traitement des démences et d'autres maladies.
« 10 mn de Schubert = 5 mg de morphine »
Claire Oppert, musicienne et art-thérapeute, en est convaincue : la musique adoucit les mœurs mais aussi les maux. Dans son livre, Le pansement Schubert, elle évoque notamment cet ancien boxeur qui en écoutant Je ne regrette rien d'Edith Piaf s'est remémoré ses plus beaux combats (article en lien ci-dessous). Selon elle, nul besoin de comprendre la musique pour la ressentir et, même si la mémoire immédiate des événements est partie, la mémoire profonde subsiste car la musique s'adresse à la partie saine et vivante de la personne. Son credo : « 10 mn de Schubert = 5 mg de morphine ».