Handicap: Le difficile accès au plaisir des corps (partie 1)

Tabou:Le plaisir sexuel peut être inexistant pour certaines personnes en situation de handicap.Associations et prostituées proposent leurs services pour pallier ce manque.Une formation d'assistant sexuel commence d'ailleurs bientôt en Suisse romande

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Le «désert sensuel» des personnes handicapées, Catherine Agthe Diserens le combat depuis vingt ans. Sexopédagogue et formatrice d'adultes, elle préside l'association genevoise «Sexualité et Handicaps Pluriels» (SEHP) qui a mis sur pied une formation romande d'assistant sexuel pour personnes en situation de handicap. Une première volée commencera les cours en juin. Au total, onze personnes (cinq femmes et six hommes) de tous âges y participeront. Le SEHP cherche d'ailleurs encore trois femmes pour débuter la formation. «Les assistants sexuels auront tous un travail à côté de cette activité, car nous voulons que cela reste accessoire», explique Catherine Agthe. Concrètement, une fois formés, ces assistants sexuels seront à même de prodiguer des caresses, du corps à corps intime et une présence sensuelle auprès de personnes atteintes d'un handicap physique, sensoriel, mental ou psychique, aussi bien des hommes que des femmes.
La palette des services ne comprend pas d'emblée des actes tels que la fellation, le cunnilingus ou la pénétration.

Un tarif fixe sera demandé pour chaque «consultation» d'une heure: 150 francs. Dix-huit journées de formation sont prévues sur une année à Nyon et à la clinique de Genolier, pour un coût de 4500 francs à la charge de chaque participant. Le SEHP cherche d'ailleurs à baisser ce prix.

«Sentir la peau d'un homme nu»

Le but ultime est de suppléer à un manque «dans une éthique de cet accompagnement adapté érotique», précise Catherine Agthe. D'où une différence fondamentale selon elle avec la prostitution: «Une prostituée fait d'abord un acte rapide et minuté.»
Le handicap revêt des formes extrêmement variées. Du léger retard mental à la tétraplégie lourde clouant une personne sur un lit, les besoins sont très différents et le SEHP estime qu'une formation est nécessaire pour y répondre.
Catherine Agthe prend l'exemple d'une femme de 34 ans, atteinte de maladie dégénérative grave, qu'elle suit actuellement. «Elle m'a dit vouloir sentir une fois dans sa vie la peau d'un homme nu contre la sienne. Qui sera d'accord de se coucher contre son corps dysmorphique?» Les prostitués avec lesquels le SEHP est en contact n'ont pas pu fournir cette aide. La situation est identique pour un jeune homme dont le handicap est mental. Ne parvenant pas à se masturber, il frappe son sexe jusqu'à se blesser. «Il a besoin d'une personne formée qui puisse prendre sa main pour lui apprendre ce geste. Nous sommes complémentaires avec la prostitution.»
Cette complémentarité, les milieux de la prostitution la notent également (lire ci-contre), comme le souligne l'association genevoise Aspasie, qui vient en aide aux travailleurs du sexe: «Nous soutenons cette formation», indique Joanna Pioro Ferrando. Pour elle, cela ne créera aucune concurrence.

Etre à l'écoute

Enseignant dans une école supérieure genevoise, Ludovic* est l'un des onze futurs assistants sexuels. En plus d'une formation de réflexologie, il dit avoir un don pour le massage et l'apposition des mains.
«Etant enfant, j'ai été en contact avec des personnes handicapées ou décalées par rapport aux normes de la société. Ces différences ne m'ont jamais fait peur», explique-t-il.
«La libération de l'énergie durant un acte sexuel est une porte qui ouvre sur une autre dimension, poursuit-il. J'ai accompagné un certain nombre de femmes dans la révélation de leur sensualité ou dans les retrouvailles avec une sexualité créative.» La compagne de Ludovic, elle, voit d'un bon oeil cette formation. «Elle apprécie cette disponibilité que j'ai.»
Selon le jeune homme, les désirs sexuels des personnes handicapées ne sont pas suffisamment reconnus par la société en général. François Planche partage cet avis. Tétraplégique après un accident de moto, il est notamment membre du comité cantonal de Pro Infirmis et du comité d'éthique des fondations Aigues-Vertes, Foyer Handicap et Clair-Bois. «Tout le monde a les mêmes droits à la santé, à l'intégration et au bien-être global, note-t-il. La sexualité fait aussi partie de ces notions selon l'OMS.»

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http://informations.handicap.fr/art-actualites-1.0.0.0-2582.php

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