Décès de Bruno Ponty : il a réussi un pari " Hangagés " !

Bruno Ponty, à l'origine de la création de l'association Hangagés, est décédé le 26 septembre 2014. Un homme de conviction, libre dans ses choix comme dans ses paroles, qui avait fait de la diversité son cheval de bataille.

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Bruno Ponty s'en est allé vendredi matin, luttant depuis quelques mois contre la maladie. Il était un homme de défi, un homme de « pari ». Parce qu'il fut responsable du recrutement à la Française des Jeux depuis 2001, puis responsable de la diversité ? Pas seulement. Une personnalité atypique, convaincue, qui « osait » avec une immense liberté.

Un projet social innovant

En 2006, la loi handicap de 2005 vient tout juste d'être votée ; ce forçat des RH (relations humaines) y voit une magnifique opportunité de mettre en œuvre un projet à caractère social innovant. Les entreprises vont devoir se bouger en matière d'inclusion des travailleurs handicapés. Cette bataille ne se fera pas sans lui ; il prend les devants. Il sait que les recruteurs vont avoir besoin d'être accompagnés – lui le premier ! Il veut aller vite, comme souvent. Une réunion de travail avec David Herz, son consultant et ami, fait naître une idée simple : réunir autour d'une table des entreprises engagées afin de partager leurs expériences (bonnes ou mauvaises !) et mener des projets qu'elles ne pourraient réaliser seules.

Hangagés voit le jour en 2009

Tous deux ne sont pas vraiment experts en handicap mais ont une certaine « fraîcheur », de celle des explorateurs. Ils pressentent que cette voie est pleine de promesses. « Dans l'univers des RH, Bruno a toujours détonné, confie David, car il était porté par ses convictions et ne recherchait pas le consensus. » Les premiers mois, les deux utopistes semblent prêcher dans le désert, jusqu'à rencontrer Nicolas Bissardon, à l'époque jeune recrue sur handicap.fr. Nicolas est en situation de handicap, il connait son sujet, apporte à leur dessein son « expertise » et sa crédibilité. Handicap.fr sera leur partenaire. « Bruno, c'est un pionnier, confie Nicolas. Il appréciait les sujets intellectuels enrichissants et aimait sortir des sentiers balisés. J'ai eu un vrai coup de cœur pour cet homme vif, cultivé, intelligent, brillant et attachant. » Après trois ans de réflexion, en 2009, le club Hangagés, qui compte aujourd'hui douze grandes entreprises, voit officiellement le jour. Bruno Ponty en devient le président. Le 18 juin 2012, il recevait le prix OCIRP pour le livre blanc « Médecine du travail », conçu et développé par Hangagés.

D'une loyauté exemplaire

Un président sur tous les fronts, qui milite sans relâche, monte sur l'estrade, toujours tiré à quatre épingles. Remarquable et remarqué, pas toujours apprécié, peut-être à cause de son franc parler et de sa grande liberté. « Lorsqu'on est à ce point énergique, on a parfois les défauts de ses qualités, sourit Nicolas. Alors c'est vrai que certains pouvaient penser qu'il n'était pas toujours d'un contact facile mais, une fois le cap de la première rencontre franchi, il était d'une loyauté exemplaire. A la fois diplomate et humain, une personnalité complexe mais attachante. »

Le handicap au cœur de ses projets

En parallèle, au sein de la Française des Jeux, Bruno Ponty propose la création d'une « mission diversité ». Pas seulement handicap, de celles qui prennent en compte les différences et en font une richesse. Toutes les options sont bonnes pour recruter la « bonne personne ». « Bruno avait mis en place un système assez percutant, explique David Herz. Il connaissait les postes récurrents de la Française des Jeux. Lorsqu'il avait repéré un « profil » de travailleur handicapé compétent, il prenait le parti de le proposer à l'embauche avant même que le poste ne soit créé, pour être certain de ne pas passer à côté. » Une stratégie payante puisque cette anticipation permanente des besoins a permis à la Française des Jeux d'augmenter en quelques années son taux d'emploi de travailleurs handicapés, au-delà du plancher de 6 % en passant de 2,6% en 2009 à 6,55% en 2013. Et parce que Bruno choisit aussi de faire confiance au secteur protégé, ce sont les travailleurs d'un ESAT qui assurent le service à la cafétéria du siège, à Boulogne.

Vendredi, Bruno rejoindra la Gironde. Autour de lui, tous ceux qui l'ont suivi garderont le souvenir de sa belle vitalité.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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