A Luanda, de jeunes handicapés étudient au côté d'enfants valides

De jeunes handicapés âgés de 6 à 30 ans,souffrant de déficiences mentale, auditive ou visuelle, étudient à leur rythme et par petits groupes avec des enfants valides dans deux écoles spécialisées de Luanda...

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Luanda, 12 oct
par Pedro MAKUTA NKONDO

"Nous avons plus de 1.093 élèves, dont 918 déficients. Ils brûlent tous d'envie d'étudier, d'être formés et de devenir quelqu'un", a déclaré à l'AFP Maria Furtado, directrice de l'une de ces écoles, le Complexe scolaire d'enseignement spécial (CEEE).
La grande majorité des élèves handicapés (574) sont atteints de troubles mentaux, le reste de déficience auditive et la plupart sont issus d'un milieu très pauvre. "Certains viennent des bidonvilles de Viana", dans la banlieue de Luanda, explique-t-elle.
L'Angola, qui se relève à peine d'une guerre civile de 27 ans, compte 5.193 sourds-muets, 5.893 aveugles et 8.488 déficients mentaux, a précisé le directeur pour l'intégration des handicapés du ministère de l'Assistance et de la Réinsertion sociale, André Zinga Nkula.
"J'ai étudié ici et je donne des cours de langage virtuel aux déficients auditifs en 3ème année de primaire depuis douze ans", explique par les gestes et l'écriture Silvia Margarete de Almeida, elle même sourde-muette, mais équipée de prothèses auditives.
Chaque classe fonctionne avec deux rofesseurs, dont un auxilliaire qui veille sur les enfants et les accompagne à tour de rôle à leurs séances de physiothérapie.
"Il n'est pas facile d'enseigner aux élèves qui ne parlent pas et n'entendent pas, et surtout à ceux atteints de déficiences mentales", poursuit la directrice du CEEE, précisant que l'enseignement porte sur "à peine les 3/4 du programme, le fondamental".
Malgré leur motivation, la plupart des élèves "restent deux ans dans la même classe. La majorité arrête en 4ème année et beaucoup ne dépassent pas la 1ère".
Elèves normaux et handicapés étudient ensemble, dans les mêmes salles, mais par petits groupes ne comptant pas plus de cinq déficients à la fois.
"Il est impossible de dépasser ce chiffre, le travail étant plus important avec ce type d'élèves", ajoute Maria Furtado.
Ceux qui doivent redoubler la même classe plus de deux ou trois fois, en général déjà âgés d'une trentaine d'années, sont alors orientés vers l'enseignement professionnel: menuiserie, serrurerie, couture et cuisine.
"Les élèves présentent des faiblesses, mais ça va", estime néanmoins Teresa Julio, dont les élèves sont essentiellement des déficients mentaux auxquels elle explique patiemment les quatre opérations arithmétiques.
Domingos Tandu de Almeida, 16 ans, l'un de ses élèves normaux, explique que son père l'a inscrit au CEEE "par manque de place dans les autres écoles". Et la plupart des enfants sans handicap sont dans le même cas que lui.
Oscar Ribas, autre école spécialisée de la capitale, accueille 289 élèves, dont 51 atteints de déficiences visuelles qui apprennent à travailler en braille.
Le directeur par intérim, Pedro Manuel, n'hésite pas à dire que, contrairement aux sourds-muets et aux handicapés mentaux, les aveugles sont les "meilleurs élèves. Ils assimilent les leçons mieux que les élèves normaux".
"Il y a six étudiants aveugles à la faculté de Droit de l'Université Agostinho Neto (à Luanda) qui viennent de notre école", souligne-t-il.
Ex-soldat de l'armée nationale, Henrique Manuel, 40 ans, est devenu aveugle en sautant sur une mine. Après avoir lui-même pris des cours à Oscar Ribas, il y enseigne maintenant le braille aux petits de 2ème année de primaire.
"Je n'ai pas de difficultés à enseigner à d'autres aveugles. Il suffit d'avoir le matériel nécessaire", déclare-t-il simplement.
Selon les statistiques officielles, environ 14 millions de mines anti-personnel sont encore disseminées dans toute l'Angola.

mak-fpp/stb/ach

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