Népal : des handicaps à grande échelle pour les survivants

Après les séismes au Népal, les morts se comptent par milliers mais c'est la situation des blessés qui alarme les ONG. Peu d'amputations mais des paraplégies et des fractures qui nécessitent de la rééducation. Quel avenir pour les survivants ?

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Par Sandra Laffont

Bérangère Gohy est kinésithérapeute pour Handicap International. De retour après deux semaines à Katmandou, elle a relevé peu d'amputations pour un après-séisme, mais beaucoup de fractures complexes qui nécessitent absolument de la rééducation. "En majorité, on a vu des fractures complexes aux jambes, aux bras. Ensuite des blessés médullaires" où la communication entre le cerveau et le corps est coupée ce qui entraîne une paralysie totale ou partielle des membres inférieurs. Puis des traumatismes crâniens, rapporte-t-elle, en marge d'une conférence de presse au siège de l'association à Lyon.

Peu d'enfants touchés ?

Il y a eu "relativement peu d'amputations par rapport aux autres tremblements de terre" : 2% d'amputations et 12% de blessés médullaires, selon des statistiques établies par l'association portant sur ses patients pris en charge dans les tout premiers jours après le premier séisme du 25 avril 2015. Elle n'a pas vraiment d'explication, à part peut-être "que la réponse médicale" apportée en urgence a été de qualité et permis d'éviter le pire. Peu d'enfants également semblent avoir été touchés par le séisme. Mais là encore, ces données sont à prendre avec des pincettes. "Est-ce parce que le séisme s'est produit un samedi après-midi et que les enfants jouaient dehors ? Ou est-ce qu'ils sont morts ? Est-ce qu'ils ont succombé à des traumatismes crâniens pas pris en charge ? Ceux qu'on voit sont juste ceux qui ont réussi à venir se faire soigner", insiste la jeune femme.

Des kinés pas préparés

L'association française, qui s'est illustrée dans le passé par son combat contre les ravages des mines antipersonnel, était déjà présente au Népal avant la catastrophe avec une équipe de 47 Népalais et deux expatriés. Depuis, elle a doublé ses effectifs et a pu s'appuyer sur quatre hôpitaux partenaires dans la capitale ; ainsi que sur des kinésithérapeutes locaux bien formés. Car, sur tout le pays, "il y a 600 kinés" diplômés, quand en Haïti, dévasté par un séisme géant en 2010, il n'y en avait qu'un... Reste que ces professionnels de santé "ne sont pas préparés aux traumatismes" spécifiques aux tremblements de terre et que "la rééducation n'est pas encore admise dans le pays". L'association craint que le second séisme, qui a déjà tué 65 personnes, ne complique la situation des quelque 18 000 blessés du premier.
Le 2ème séisme complique la prise en charge
"Il est probable que les blessés du premier séisme seront contraints de quitter les hôpitaux pour permettre la prise en charge des nouveaux arrivants", s'inquiète Handicap International dans un communiqué. "Or si la rééducation nécessaire après certaines fractures n'est pas assurée, il y a des risque de raideur, notamment au niveau du genou", selon Bérangère Gohy. Pour les fractures multiples et les personnes alitées, des complications sont possibles, respiratoires entre autres. Depuis le 25 avril, l'association a pris en charge 650 blessés. Elle table pour l'instant sur un dispositif important sur place pendant quatre à six mois, pour un budget provisoire de 4 millions d'euros qui comprend l'acheminement de centaine de sièges roulants, de béquilles et autres matériels d'aide à la marche.

© der_chris87/Fotolia

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