Handicap: la polémique sur les assistants sexuels est vive

La sexualité est-elle un droit ? Oui, répondent des associations de personnes handicapées, qui réclament à nouveau depuis quelques jours la création d'un métier d'assistant sexuel. Mais pour les féministes, ce serait de la prostitution pure et s

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Par Julie CHARPENTRAT

PARIS, 21 sept 2011 (AFP) -
Baisers, caresses, voire davantage : "cet assistant, homme ou femme, aurait pour rôle de répondre à un besoin d'apprentissage et de découverte de l'intimité, mais aussi de prodiguer, dans le respect, une attention sensuelle, érotique et/ou sexuelle", ont écrit l'Association des paralysés de France (APF) et l'association CH(s)OSE dans une tribune parue la semaine dernière dans la presse.

"Certaines personnes lourdement handicapées ne peuvent pas avoir la connaissance de leur corps et ont pourtant des pulsions, des besoins, des désirs, comme tout le monde", explique à l'AFP l'ex-député UMP Jean-François Chossy, qui doit remettre "fin octobre" un rapport sur le regard que la société porte sur le handicap et qui abordera, notamment, la question de l'aide sexuelle.

"Dans les établissements, les professionnels sont confrontés à des demandes et ne savent pas quoi faire", assure-t-il, estimant qu'il faudrait leur donner des réponses "officielles, légales, en tout cas utilisables".
"La vie affective et sexuelle de chaque être humain ne nécessite aucun accord ou autorisation a priori de qui que ce soit", plaident aussi l'APF et CH(s)OSE (créée à l'initiative du Collectif Handicaps et Sexualités) dans leur tribune, également signée par des personnalités comme philosophe Pascal Bruckner, l'ancienne star du X Brigitte Lahaie ou le comédien François Cluzet.

Demande de longue date de certaines associations, cette revendication avait pourtant essuyé une ferme fin de non recevoir en début d'année de la part de la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, qui l'assimilait à "de la prostitution".
C'est aussi ce que pensent des associations féministes comme le collectif "Handicap, sexualité, dignité", qui craint que "les femmes, une nouvelle fois, soient les premières à en payer le prix", si un statut d'assistant sexuel était créé en France, comme il en existe en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suisse.
De plus, un tel dispositif "ne ferait que renvoyer les personnes lourdement handicapées dans un ghetto et les y oublier en toute conscience", poursuit le collectif dans une tribune publiée mardi. Celle-ci est cosignée notamment par la philosophe Sylviane Agacinski, le mouvement Osez le féminisme !, le Mouvement du Nid (association de défense des personnes prostituées) ou encore l'ancienne ministre des Droits de la femme Yvette Roudy.
L'organisation féministe la Clef vient d'écrire à Mme Bachelot pour lui demander de s'"opposer à nouveau à (toute) tentative de légiférer sur les aidants sexuels".

Jean-François Chossy, qui rejette toute assimilation avec la prostitution, avait en effet évoqué ces derniers mois une proposition de loi sur les assistants sexuels.
A l'issue de son rapport, il laissera ses anciens collègues de l'Assemblée déposer ou non une PPL, confirme-t-il à l'AFP.

Il plaide pour "une approche affective et non une sexualité bestiale ou dépravée", qui concernerait aussi "la problématique de la vie en couple" des handicapés.

Concrètement, il s'agirait de traduire dans les textes "que toute personne doit pouvoir recevoir l'assistance humaine éventuellement nécessaire à l'expression de sa sexualité", poursuit l'ancien élu de la Loire, "ce qui ne veut pas dire forcément aller jusqu'à l'acte sexuel".

Plutôt que de créer un statut spécifique, on pourrait envisager "une spécialisation de certaines professions" à la découverte du corps, plaide M. Chossy, sans vouloir s'avancer sur les métiers en question.

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