'Citoyens à part entière, nous voulons pouvoir vivre décemment'
Par Thibauld MALTERRE
PARIS, 23 sept 2004 (AFP) - "Je voudrais que tout le monde comprenne qu'avant d'être des personnes handicapés, nous sommes des citoyens à part entière et nous voulons pouvoir vivre décemment": de son fauteuil roulant, Maryline témoigne des exigences de centaines de personnes qui ont défilé avec elle jeudi à Paris.
Derrière une banderole proclamant "une loi, c'est bien, sans argent, c'est rien", plus de 500 personnes, dont 300 en fauteuils roulants, selon la police, ont défilé des Invalides au secrétariat d'Etats aux personnes handicapées.
"La question des ressources n'est pas prise en considération dans le projet de loi pour les personnes en situation de handicap, alors que c'est le sujet majeur pour nos adhérents", a expliqué sur son fauteuil roulant Patrice Tripoteau, directeur des actions nationales de l'APF, l'Association des paralysés de France.
"Prendre des dispositions pour rendre les cinémas accessibles, c'est bien, mais cela sert à quoi si les personnes en situation de handicap n'ont pas l'argent pour pouvoir y aller", s'est-il interrogé.
Le projet de loi sur le handicap, adopté en première lecture en juin, met l'accent sur l'accessibilité, l'embauche des personnes handicapées, mais n'aborde pas la question des ressources, selon l'APF.
[BB]"on veut être autonomes"[EB]
"Une loi, des droits, pas de bla-bla", ont scandé les manifestants, qui ont affirmé "oui, nous sommes handicapés, mais nous voulons garder notre dignité".
"J'aurai pu continuer à travailler. J'ai envoyé 450 CV en 5 ans, je n'ai pas eu une réponse positive. On parle beaucoup de discrimination au travail, mais jamais à propos des handicapés", a regretté Maryline Fournaise, de Levallois-Perret, venue en fauteuil roulant.
"On veut être autonomes. Que ceux qui peuvent travailler puissent le faire, et qu'on donne aux autres des moyens matériels ou humains (auxiliaire d'aide de vie, d'aide à domicile...)", a demandé Barbara Beauvallet, 32 ans, venue d'Ivry-sur-Seine.
"Il y a 32 ans que je suis handicapée, on est en 2004 et il n'y a pas assez d'avancées. On est là pour se montrer, que les gens voient qu'on est vivant, qu'on existe", a-t-elle expliqué.
"On pense aux handicapés quand il faut se faire élire, après on les oublie. On nous a interdit de défiler devant l'Assemblée nationale, nous ne serons pas reçus aujourd'hui par la secrétaire d'Etat aux personnes handicapés, Marie-Anne Montchamp", a-t-elle dénoncé.
De nombreux fauteuils arborent des pancartes, dont les messages s'adressent souvent aux élus: "Eh, oh, l'hémicycle, ne vote pas une loi hémiplégique", "On en a fait une priorité, ne faisons pas les choses à moitié", "ni héros, ni mendiants, mais citoyens".
"De nombreuses personnes qui voulaient venir ont dû rester chez elles, la station Invalides n'étant pas accessible en fauteuil roulant", a aussi dénoncé Jean Di Sciullo, de l'APF.
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