Un coup du sort qui aura le goût amer du plomb, et le bruit étourdissant d'un coup de revolver. En effet lors de son séjour en Floride aux Etats-Unis, un soir, en reprenant sa voiture, il est menacé par trois délinquants dans une tentative de vol et bien qu'il ne réagisse pas, l'un des trois agresseurs tire un coup de revolver et le précipite dans le coma pendant une quarantaine de jours.
Il réussit à retourner à la vie peu à peu, à travers un parcours très dur, caractérisé par une profonde dépression et la pensée obsessive du suicide ; il parvient à force de volonté à vivre et se bat, non seulement pour lui-même mais aussi pour les autres, grâce à sa passion pour la mer. Par ses projets maritimes, il découvre que la vie est possible au delà du handicap, que la vie mérite d'être vécue malgré l'impossibilité de marcher.
Présentez-vous un peu à nos lecteurs en disant qui est Andrea Stella.
J'ai vingt-neuf ans et une maîtrise en droit ; je vis à Thiene près de Vicenza ; j'aime voyager et j'adore la mer.
En qui ou en quoi avez-vous trouvé la force et le courage pour accepter ce qui vous est arrivé ?
J'ai pu recommencer à vivre grâce à la présence constante et à l'aide de mes parents, de Lara avec laquelle j'étais fiancé à l'époque de mon agression et qui, aujourd'hui, est ma femme, et enfin grâce à de vrais amis.
Que signifie pour vous le handicap ?
Aujourd'hui, malgré ce qui m'est arrivé, je vis une existence pleine et heureuse. Mais je perçois tout le poids de mon handicap, chaque fois que je me retrouve en face d'une barrière architecturale. Et dire que l'on pourrait facilement éliminer ces barrières qui limitent fortement ma possibilité de me déplacer librement !
Comment l'idée de bâtir un catamaran entièrement accessible à une personne en fauteuil vous est-elle venue à l'esprit ?
Mon accident m'a fait comprendre que je ne pouvais plus naviguer de façon autonome, car une personne en fauteuil a de nombreuses et graves difficultés. Ainsi, je n'avais plus aucune envie de naviguer car les difficultés pratiques me semblaient beaucoup plus nombreuses que les bénéfices. Ensuite, j'ai essayé d'affréter un catamaran équipé pour une personne handicapée et j'ai dû contacter, en vain, plus de deux cents agences. Mais j'ai heureusement trouvé une association anglaise, qui permettait aux personnes handicapées d'aller en mer avec un bateau traditionnel à moteur adapté. Je l'ai essayé personnellement et cette expérience m'a permis de comprendre que, si vraiment je le désirais, j'avais la possibilité de reprendre la navigation, exactement comme avant. C'est alors que j'ai eu l'idée du catamaran, un type de bateau très spacieux et particulièrement stable, qui ne s'incline pas sur le côté. Il s'agit d'une initiative qui représente, pour certaines personnes handicapées, une conquête d'autonomie et de liberté.
Avez-vous reçu une aide financière de la part des institutions publiques ou privées ?
Non mais heureusement, j'ai eu l'aide de la Société Télécom Italie qui, comprenant la validité de mon projet, m'a soutenu dans sa réalisation concrète. Elle m'a permis aussi de créer une école itinérante, mise en place sur mon catamaran. Nous avons ainsi permis à un groupe de deux cent quarante personnes, handicapés, médecins, et kinésithérapeutes provenant de nombreux centres de réhabilitation, de passer gratuitement deux jours sur le catamaran pour apprendre les notions de base de la voile.
Quelles technologies et matériaux particuliers avez-vous utilisés ?
Nous avons créé, par exemple, des ascenseurs pour passer du catamaran aux coques, un système électro-hydraulique pour aller de la zone externe à celle interne, et d'autres mesures techniques pour faciliter la vie à bord des personnes handicapées.
Parlez-nous de la traversée que vous avez faite il y a quelques mois.
Je désirais depuis toujours effectuer une traversée et j'ai pu finalement réaliser mon rêve. Nous sommes partis le 20 novembre 2004 de Lanzarote et, après 2.900 milles marins, nous sommes arrivés à Antigua. Nous avons participé à une traversée de l'Atlantique appelée « RAC », en nous classant quatrièmes après de nombreuses difficultés. Puis, nous avons encore parcouru 1200 milles marins pour arriver à Miami.
Quelles ont été les difficultés et les satisfactions que vous avez rencontrées pendant ce voyage ?
Les principales difficultés étaient de nature psychologique parce que nous étions un groupe de sept personnes dans un espace très limité et que la durée de la traversée s'est allongée du fait d'un manque de vent durant 15 à 19 jours et nous n'avons pas pu toucher terre pendant environ un mois Mais un aspect très positif a été la possibilité d'assister à de magnifiques couchers du soleil.
Quels sont vos projets futurs ?
Nous sommes en train d'organiser des cours de navigation pour le personnel et les malades du « Miami Project », le plus grand centre de réhabilitation du monde. En outre, cette année, nous allons faire un tour dans les principales villes européennes pour faire connaître notre expérience personnelle et professionnelle.
Angela Congedo