Rhône: des parents d'handicapés veulent sauver leur collège, unique en France
Par Frédéric HAPPE
LYON, 25 sept 2005 (AFP) -
Créé en 1984 par la Communauté urbaine de Lyon (Courly), aujourd'hui appelée Grand Lyon, cet établissement "n'a pas de statut réel à l'heure actuelle, et il n'entre pas dans les missions du Grand Lyon d'avoir la charge d'un collège", relève Brigitte Bruschini, secrétaire générale de l'académie de Lyon.
Le rectorat envisage d'annexer Elie-Vignal au lycée Saint-Exupéry de Lyon, mais cette solution ne satisfait pas les parents, qui préfèreraient la création d'un établissement public local d'enseignement (EPLE), préservant son autonomie.
"Un statut d'EPLE nous semble la meilleure garantie de pérennité, alors qu'en faire une annexe d'un autre collège rendrait une fermeture plus facile", explique Philippe Doublier, qui mène la fronde des parents.
Parent d'un ancien élève d'Elie-Vignal, atteint de spina bifida, une malformation de la colonne vertébrale, M. Doublier a lancé une pétition signée par 2.664 personnes, dont de nombreux élus de tous bords, pour sauver ce qu'il qualifie de "ballon d'oxygène" et de "sanctuaire", aussi bien pour les enfants que pour les parents.
"Elie-Vignal est un bon outil d'intégration car il permet, grâce à une scolarité au rythme adapté, de déboucher sur des diplômes, sur une vraie vie", souligne-t-il.
Ce collège-lycée, qui accueille près d'une centaine d'élèves, est le seul établissement indépendant en France à être entièrement consacré à la scolarisation d'enfants handicapés.
Du côté du Grand Lyon, Pierre Dumont, vice-président chargé du patrimoine, s'est également rangé en faveur d'un EPLE.
"La Communauté urbaine a fait construire le collège-lycée en 1984 et continue à le porter avec plaisir, et nous préférons une solution de type EPLE car elle offre plus de garanties d'indépendance et de durabilité", affirme-t-il.
M. Dumont craint également qu'en étant annexé à un établissement de 1.400 élèves, Elie-Vignal, qui ne représenterait que 7 à 8% de l'effectif du nouvel ensemble, ne recevrait que 7 à 8% des moyens.
"Si Elie-Vignal devient une annexe, la direction pourrait supprimer des postes ou ponctionner des professeurs pour assurer des remplacements de professeurs absents à Saint-Exupéry", note de son côté M. Doublier.
Le rectorat explique son choix par le fait que le collège-lycée a une taille insuffisante pour justifier un EPLE.
Le rectorat a tenté de rassurer élus et parents en mettant par écrit des engagements, portant notamment sur la garantie des moyens financiers et en personnel, mais les parents se montrent sceptiques.
"C'est une avancée, on ne peut pas le nier, mais quelle est la valeur juridique ou contraignante de cette lettre ?", s'interroge M. Doublier.
Des réunions vont se poursuivre entre le rectorat, le Grand Lyon, la préfecture de région, le conseil général et le conseil régional pour trouver un terrain d'entente.
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