La réalité virtuelle ouvre son monde ludique à la rééducation des personnes handicapées
Par Isabel PARENTHOEN
LAVAL (Mayenne), 28 avr 2006 -
[BC][EC]La thérapie conventionnelle, qui consiste à faire répéter les mêmes gestes aux personnes handicapées pour maintenir ou leur faire acquérir certaines capacités physiques, est "statique, ennuyeuse et routinière, et le patient est souvent enfermé en lui-même", souligne Tamar Weiss, de l'Université de Haïfa (Israël).
[BC][EC]Vidéo à l'appui, elle montre aux visiteurs du salon international de la réalité virtuelle à Laval (Mayenne) un homme souriant, concentré, frappant les balles colorées qui lui sont envoyées. Lorsqu'il y parvient, elles se métamorphosent en oiseaux.
[BC][EC]Magie de la réalité virtuelle, les fastidieux exercices sont transformés en jeu. Dans le vrai monde, l'homme est bloqué dans son fauteuil roulant. Il ne porte aucun des étranges appareils propres aux voyages dans l'univers numérique, casque à lunette-écrans ou gant à capteurs, qui pourraient mettre mal à l'aise des personnes déjà fragilisées.
[BC][EC]Derrière lui, un mur vert permet à l'ordinateur de saisir son image et de la replacer dans le monde virtuel. Le patient se voit agir sur l'écran mural placé face à lui, un effet miroir qui stimule les capacités d'apprentissage moteur.
[BC][EC]Premier atout de la réalité virtuelle : la motivation. "C'est un jeu sans en être un", dit un autre homme traité à Haïfa, qui a retrouvé la plupart de ses capacités, endommagées dans un accident vasculaire cérébral.
[BC][EC]"L'aspect ludique permet de mieux solliciter la personne", relève Evelyn Klinger, de l'Ecole nationale supérieure des télécommunications à Paris.
[BC][EC]L'apprentissage est accéléré par la correction en direct du geste lorsque le patient se voit lui-même ou peut superposer son mouvement à celui qu'il est censé accomplir.
[BC][EC]Comme dans cet appareil mis au point à l'hôpital de Valence (Espagne), où une projection virtuelle du bras sain du malade, renversée, va servir de modèle pour la rééducation du bras endommagé.
[BC][EC]Ce "retour d'action en temps réel", poursuit Mme Klinger, a également des effets remarquables sur des victimes d'accidents vasculaires dont les mains ont été lésées : équipés de gants dits haptiques, qui enregistrent et retransmettent à l'utilisateur la force exprimée sur les doigts, ils peuvent réapprendre à boutonner leur vêtement.
[BC][EC]Une équipe du centre hospitalier universitaire de Saint-Etienne a choisi quant à elle de miser sur l'encouragement à l'effort.
[BC][EC]Travaillant elle aussi sur des personnes handicapées à la suite d'un accident vasculaire cérébral (seuls 15% des patients paralysés des membres supérieurs recouvrent une motricité avec les thérapies actuelles), elle propose un prolongement virtuel du bras qui accomplit sur écran les mouvements requis. Le cerveau, stimulé, finit souvent par retrouver le chemin de la commande.
[BC][EC]On en est encore au stade des études, mais "l'efficacité clinique de la réalité virtuelle sera démontrée sans équivoque dans les deux années à venir", estime Mme Weiss.
[BC][EC]La réalité virtuelle pourrait aussi servir à améliorer l'environnement des personnes handicapées. Le laboratoire "Mouvement et perception" (CNRS) à l'Université de Marseille cherche à mettre au point un fauteuil roulant "intelligent", capable de contourner seul les obstacles, développé dans le monde virtuel où les accidents sont sans conséquences.
[BC][EC]Au Centre européen de réalité virtuelle (Cerv) de Brest, ce sont les appartements des personnes handicapées que l'on intègre à l'informatique. Devenus "agents intelligents", murs, portes et mobilier s'adaptent à l'humanoïde spécifique qui habite les lieux. Des transformations que l'on peut ensuite traduire dans la réalité.
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