Paris, 5 oct 2006 (AFP)
Par Philomène BOUILLON
L'accès des étudiants handicapés à l'université progresse doucement avec la loi du 11 février 2005 sur le handicap, même si souvent encore, il suffit d'une porte trop étroite ou de l'absence de rampe dans les toilettes pour qu'un étudiant finisse par abandonner la fac.
"S'il y a un sujet qui évolue positivement en France et dans les universités, c'est bien la question du handicap", assure jeudi à l'AFP Michaël Delafosse, président de la Mutuelle des étudiants (LMDE) qui organise vendredi à Nanterre un colloque intitulé "changer notre regard sur le handicap à l'université".
La LMDE fera connaître lors de cette journée les résultats d'une enquête inédite (menée auprès de 320 étudiants en situation de handicap et de 64% des universités, soit 54 universités sur 84, ndlr) sur l'accès des étudiants handicapés dans les établissements d'enseignement supérieur.
Elle révèle que l'accessibilité dans les facs est différente selon la déficience ou les troubles dont est atteint l'étudiant. Ainsi, les bibliothèques se révèlent être "accessibles" pour 89,9% des étudiants ayant un handicap moteur, tandis qu'elles le sont pour seulement 35% des étudiants ayant un handicap auditif.
L'étude met aussi en évidence une perception différente de l'accessibilité selon les établissements et les handicapés: 97% des universités interrogées disent avoir mis en place un dispositif spécifique pour l'accueil des étudiants tandis que 72% des étudiants concernés affirment qu'ils existent.
"Il s'agit désormais de sensibiliser la communauté universitaire à cette question, notamment pour que des enseignants accueillent mieux dans les amphis les 9.000 étudiants handicapés de France", ajoute le président de la LMDE.
Selon plusieurs étudiants handicapés interrogés, l'article 20 de la loi du
11 février 2005 a considérablement amélioré la prise en compte du handicap même si "trop souvent l'accès des bâtiments universitaires reste un parcours du combattant".
"On voit encore dans des facs que l'accueil des handicapés n'est pas du tout adapté. Par exemple, un jour, en faisant du bénévolat, j'ai constaté que l'école de kinésithérapeutes et psychomotriciens de la Pitié-Salpêtrière n'avait aucun accès aux amphis pour les handicapés moteur, un comble !", témoigne une bénévole de l'association Starting-Block qui mène des actions de sensibilisation dans les facs.
Guillaume Benhamou, 21 ans, handicapé moteur et bénévole dans cette association, confie de son côté: "avant c'était la guerre pour accéder aux facs, aujourd'hui c'est +seulement+ un parcours du combattant, grâce notamment à la loi de 2005".
Celle-ci stipule que "les établissements d'enseignement supérieur inscrivent les étudiants handicapés ou présentant un trouble de santé invalidant (...) et assurent leur formation en mettant en oeuvre les aménagements nécessaires à leur situation l'accompagnement de leurs études".
"Il est encore hélas très fréquent que des étudiants handicapés soient contraints d'arrêter leurs études, faute de transports ou même d'une simple rampe dans des toilettes, alors que c'est rapide à installer et que ce n'est pas cher", souligne Guillaume.
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L'accueil des étudiants handicapés dans les universités
L'accès des étudiants handicapés à l'université progresse doucement avec la loi du 11 février 2005 sur le handicap....
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