A la rencontre d'une association de jeunes handicapés
Cette région dite de la Petit Côte est très connue pour son économie touristique. Il n'en reste pas moins que la plupart des habitants sont pauvres et même si ici tout le monde mange à sa faim chacun ne peut compter que sur lui-même et éventuellement sur sa famille pour trouver les moyens d'une existence souvent précaire.
Les personnes handicapées sont d'autant plus touchées qu'ici, pas de sécurité sociale, d'assurance individuelle, d'aides financières techniques ou humaines et bien sûr les structures d'accueil sont petites et en très faible nombre.
[BB]Pas de mains tendues[EB]
Ici le handicap n'est pas beaucoup mieux accepté qu'ailleurs et la situation s'alourdit du fait de la situation économique du pays. En discutant avec les gens du pays on constate que la plupart vivent quasiment au jour le jour avec pour priorité de quoi gagner ce qu'il faut pour manger, se loger, se vêtir et payer les déplacements en taxi collectif. Les personnes handicapées ne font pas la manche bien que l'on en croise régulièrement dans des zones passantes, les uns sur de fauteuils roulants en assez mauvais état, d'autres assis par terre dans l'attente d'une éventuelle considération de l'un des ses concitoyens. Pas d'écriteau, pas de main tendue, la dignité conserve une dimension très importante et la notion de partage est très forte dans les pays africains, mais là je ne parle que des populations entre elles.
[BB]Atteint de la polio[EB]
C'est dans ce contexte que l'association de jeunes handicapés de Mbour (ville voisine de Saly) a vu le jour il y a un an et demi. Ses adhérents, une vingtaine environ, se sont rencontrés à Mbour ou au centre des handicapés de Mbour (voir encadré). L'AJHM est aujourd'hui constituée de jeunes dont l'âge n'excède pas 27 ans. Ils sont tous atteints de la polio, une maladie qui a fait beaucoup de victimes au Sénégal comme dans toute l'Afrique.
Ces jeunes, tous aussi dynamique et sympathiques les uns que les autres, ont décidé de se prendre en main car comme je l'évoque précédemment, l'Etat ne fournit aucune aide et il faut manger se loger, s'habiller et se déplacer. Beaucoup ont besoin d'un fauteuil roulant pour vivre normalement mais ces derniers bien que vendus d'occasion sont encore beaucoup trop chers pour des personnes sans ressources. Un fauteuil coûte entre 150 et 200 euros et les pièces détachées sont rares et chères donc hors de portée.
[BB]Acheter du matériel orthopédique d'occasion [EB]
Les objectifs de l'association sont assez basiques : trouver les moyens de vivre, acheter des aides techniques d'occasion et fédérer des personnes handicapées qui ont peu de moyens mais qui souhaitent faire quelque chose. Son vice président Issa Faye nous explique que l'association se réunit tous les 5 du mois et que régulièrement elle fait appel à des personnes influentes par courrier pour obtenir de l'aide mais jusqu'à présent il n'y a eu qu'une seule réaction. Un somme d'argent qu'ils ont dû compléter pour acheter du petit matériel orthopédique. " nous n'avons pas encore assez de moyens pour ouvrir un compte en banque, ce qui est un problème pour nous " nous avoue Issa qui est le représentant le plus loquace.
[BB]Pas d'autres solutions que de vendre [EB]
Pour assurer son existence l'association devait trouver une formule et celle qui est la plus naturelle ici, c'est la vente de souvenirs aux touristes. Issa nous explique qu'il a fallu trouver un emplacement et c'est à une centaine de mètres de l'entrée de l'un des plus grands hôtels de la région dont ils ont pu bénéficier grâce à la SAPCO (société d'Aménagement de la Petite Cote) d'un emplacement ou poser leur étal. Ils sont là tous les jours de 8h à 20h à interpelé les touristes qui rentrent d'excursion ou de shopping pour essayer de leur vendre l'un des objets fabriqués au centre des handicapés de Mbour. Mais ce n'est pas si facile que cela, nous explique Issa. Selon la saison " nous pouvons passer jusqu'à cinq jours sans vendre quoi que ce soit, et nous sommes présents quel que soit le temps". Tous les articles sont rangés le soir dans un coffre qui reste au bord de la route.
" Nos relations avec les touristes sont très variables " nous explique Issa, " il y en a qui viennent spontanément nous acheter quelque chose et d'autres qui viennent simplement discuter, partager ou même déjeuner avec nous. Tous ce que nous vendons est réalisé au centre de Mbour. Nous avons beaucoup réfléchi à ce qui pouvait bien se vendre et qui est joli. Les gens nous connaissent désormais grâce à cela, des reproductions de taxis brousses. "
[BB]Une vie de famille solidaire[EB]
La vie de famille est très importante au Sénégal et lorsque l'on n'a pas de possibilité de travailler normalement, elle prend encore une tout autre dimension, aussi la plupart des personnes handicapées reste ici en famille, incapables de subvenir à leurs besoins. Mais cette vie familiale se vit ici dans la convivialité, et dans la solidarité la plus totale.
[BB]Nous voulons rencontrer une association française [EB]
L'association encore jeune demande encore à s'organiser et les membres cherchent des idées pour mieux fonctionner, trouver des fonds, des aides et se faire connaître auprès des handicapés de la région. " Nous souhaitons entrer en relation avec une ou des associations françaises qui pourraient nous aider dans notre développement. C'est vraiment important pour nous d'avoir des liens avec une association française, nous avons beaucoup à apprendre mais aussi beaucoup à partager. Si votre magazine peut nous aider dans cette démarche, ce serait vraiment bien "
Association des jeunes handicapés de Mbour
BP 1714
Mbour Sénégal
Email : laminesambo2000@yahoo.fr