Emploi des travailleurs handicapés
Par Cécile AZZARO
PARIS, 7 juin 2007 (AFP) - L'Etat est loin de montrer l'exemple en matière d'intégration professionnelle des handicapés, avec seulement 3,5% de travailleurs handicapés en moyenne dans la Fonction publique contre une obligation légale de 6%, mais tente peu à peu d'améliorer la situation.
Après un an d'existence, le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) a présenté une charte d'engagement visant à intensifier l'embauche et le maintien de travailleurs handicapés dans la Fonction publique.
"L'Administration a un devoir d'exemplarité", a expliqué Martine Faucher, présidente du Fonds. "Encore aujourd'hui, environ 30% des personnes handicapées en capacité de travailler sont au chômage", a-t-elle rappelé.
En 2006, l'Etat n'employait que 3,59% de personnes handicapées, les collectivités territoriales 3,47% et la fonction publique hospitalière 3,57%.
Or, depuis janvier 2006, la loi oblige les organismes publics employant plus de 20 personnes à réserver 6% de leurs postes à des travailleurs handicapés. Ceux qui ne respectent pas cette obligation doivent verser au FIPHFP une contribution annuelle proportionnelle à l'écart entre le nombre effectif de travailleurs handicapées qu'ils emploient et l'obligation légale.
Dans le secteur privé, le taux de personnes handicapées en entreprise était de 4,4% en 2006, selon l'Agefiph (fonds pour l'insertion professionnelle des handicapés).
Une loi de juillet 1987 fixait déjà aux entreprises l'obligation d'employer au moins 6% de handicapés. Mais elle n'était assortie de pénalités financières que pour les employeurs privés.
"Les employeurs publics recevaient quelques remarques, sans impact financier. Ne pas suivre la loi ne leur coutait rien", souligne Philippe Guittard, vice-président du FIPHFP.
Désormais, cela coûte cher. En 2006, les employeurs publics ont versé plus de 54 millions d'euros au Fonds. Et les sommes collectées vont croissant. En 2006, ils n'ont versé que 20% de la somme dont ils étaient effectivement redevables, mais le taux atteindra 100% en 2010.
Ces contributions servent à aider les handicapés à entrer dans la fonction publique, à financer des aménagements de postes de travail, ou à rémunérer des assistants pour maintenir en poste un handicapé.
Une aide que la Fédération des accidentés de la vie (Fnath) juge encore trop faible, puisque seules une cinquantaine de demandes sont parvenues au Fonds, et à peine la moitié a obtenu une réponse positive.
"On est de mauvais élèves parce que cela nous paraît très compliqué d'embaucher un travailleur handicapé", reconnaît un responsable d'une collectivité territoriale de l'Est de la France, sous couvert d'anonymat.
Pour Anne Balthazar, du comité national du FIPHFP, "il faut faire évoluer les mentalités, changer les représentations du handicap auprès de l'employeur, mais aussi des collègues, qui parfois rejettent la personne handicapée".
De même, les agents handicapés sont souvent recrutés sur des postes inférieurs à leur compétence, et ensuite, ont très peu d'occasion de formation et d'évolution de carrière.
Au 31 mai 2007, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) avait enregistré 341 réclamations concernant l'emploi dans le secteur public, relatif à des questions de handicap ou de santé.
"Au cours de l'entretien d'embauche, il ne doit être question que de compétences et d'expériences, pas du handicap. C'est une discrimination", a rappelé Hanène Romdhane, juriste à la Halde.
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