Par Christian GAUVRY
Une maison d'accueil unique en France vient d'ouvrir en Vendée pour permettre à des parents âgés de "vieillir" avec leur enfant handicapé et préparer ainsi le choc de leur décès.
"Ces personnes handicapées ont toujours vécu chez eux en famille mais, à un moment, les parents vivent avec l'angoisse de savoir ce que va devenir leur enfant quand ils ne seront plus là", explique l'abbé Jean-Yves Poulailleau, président d'Handi-Espoir.
Cette association gère la maison Marie-Claude Mignet, dont l'ouverture dans une aile et les dépendances du château du Bois-Tissandeau a été initiée par le conseil général de la Vendée.
Dans ce lieu adapté pouvant accueillir 15 familles, les parents âgés d'enfants handicapés, originaires pour moitié du département, logent dans un studio jouxtant celui de leur enfant, chacun retrouvant une indépendance. Le prix moyen est équivalent à celui d'un foyer d'accueil pour handicapés ou pour personnes âgées.
Nicole et Jean Biget, âgés de 67 et 68 ans et originaires de Poitiers, se sont installés il y a deux mois avec leur fils Jean-François, 37 ans, qui souffre d'un handicap mental.
Plus jeunes que les autres parents, M. et Mme Biget n'ont pas hésité à rejoindre la maison d'accueil pour mettre un terme à "l'angoisse de la séparation". "Nous voulions rester ensemble, vieillir ensemble", expliquent-ils.
Leur fils "s'est intégré beaucoup plus rapidement qu'on ne le croyait", se félicitent-ils. Et il fait preuve d'indépendance, prenant ainsi le car pour se rendre aux Herbiers, la ville voisine, pour une séance de cinéma.
Pour les Biget, c'est une nouvelle vie qui commence avec "plus de liberté car nous savons que Jean-François peut être pris en charge si nous nous absentons".
Et ils sont rassurés de savoir que "plus tard, quand nous ne serons plus là, il aura son appartement".
Car le principe de la maison est d'accepter, à la mort des parents, de s'occuper de leur enfant handicapé, un soulagement pour bon nombre d'entre eux.
Michèle Oudin, 79 ans, a aussi franchi le pas avec sa fille Marie-Hélène, âgée de 46 ans, après des années de solitude.
"Nous étions seules à la maison, sans contact extérieur et c'était très difficile pour elle", explique la maman qui souffrait de son côté d'un manque de liberté, sa fille nécessitant une attention permanente.
"Ici je sais que Marie-Hélène peut être prise en charge, ce qui me laisse des libertés dans l'après-midi où je peux aller faire quelques courses.
Aujourd'hui je peux tout simplement lire, ce qui m'était impossible auparavant", explique-t-elle.
Pour Michèle Oudin, cette maison est une excellente alternative à un centre d'accueil de jour pour handicapé. "Un jour ou l'autre j'aurais pu trouver un tel centre pour ma fille, mais nous aurions été séparées...".
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