Pekin, 7 sept 2008 (AFP)
Par John Weaver
Surnommé "Blade Runner" (lame en anglais) en raison de ses prothèses en fibre de carbone et en référence au film de Ridley Scott mettant en scène des êtres artificiels, le jeune homme de 21 ans, a remporté une bataille judiciaire pour obtenir le droit de concourir aux jeux Olympiques du mois dernier, mais n'a finalement pas réussi les minima.
Et s'il se voit déjà aux jeux Olympiques de Londres en 2012, Pistorius ne veut pas perdre de vue son but à Pékin : gagner l'or sur 100, 200 et 400 m en battant des records du monde, dont il est le détenteur.
Pistorius n'a pas eu la préparation idéale pour ces Jeux. En conflit avec les responsables sportifs de son pays, il a fermement critiqué l'arrivée très tardive du matériel de l'équipe en Chine et le fait que les athlètes aient été "entassés" en classe économique.
Records du monde
Mais l'athlète, considéré comme "le coureur le plus rapide sans jambes", veut rester concentré.
"Je crois que la nervosité et la pression sont bonnes, et je suis très excité aussi", dit-il. "Le village est incroyable, la nourriture est bonne, l'ambiance est fabuleuse, les sites de compétition sont au-delà de ce qu'on pouvait demander : je crois que c'est la bonne formule pour des Jeux épatants et de nombreux records du monde".
Pour Pistorius, la piste rapide de Pékin est propice aux records. "En regardant les JO et tous les records qui y ont été battus, on peut imaginer qu'il se passera la même chose aux Paralympiques", pense-t-il.
Le Sud-Africain espère battre le record du monde sur 400 m mais reconnaît que celui du 200m, où il défend son titre paralympique, est vraiment un défi.
Sur 100m, il s'attend à une course difficile contre le double champion en titre, l'Américain Marlon Shirley.
"C'est la première fois qu'on se retrouve depuis Athènes (en 2004, ndlr). A mon avis, il a dû prendre peur depuis", dit-il, attisant la rivalité.
A l'âge de 11 mois, Pistorius a eu ses jambes amputées à cause d'une malformation osseuse congénitale. En janvier 2004, il se fracture le genou droit sur un terrain de rugby et les médecins lui recommandent alors de passer à l'athlétisme où il débute une brillante carrière.
Courir pour s'améliorer
Parmi ses multiples performances, une médaille d'argent sur 400m remportée aux championnats d'Afrique du Sud contre des athlètes valides. Un résultat qui a décuplé ses ambitions de qualification olympiques.
"Si j'ai l'opportunité un jour de participer aux jeux Olympiques, ce que j'espère vraiment très fort, je me verrai alors comme un +Olympien+. En ce momemt, je suis aux Paralympiques, donc je me vois comme un +Paralympien+", explique-t-il.
"Plus généralement, je me vois comme un sprinteur de haut niveau", poursuit-il.
Pour Pistorius, il y a une différence d'approche aux Paralympiques. "Une des choses que j'ai apprises est qu'un valide court pour gagner, alors qu'un athlète handicapé court pour s'améliorer, et je crois que c'est bien mieux et bien plus important en sport".
"On perd souvent cela de vue et on veut gagner à tout prix, mais à la fin de la journée, il vaut mieux arriver second et améliorer ses performances que de gagner et ne pas réaliser un bon temps du tout".