Pekin, 9 sept 2008 (AFP)
Par Julie DUCOURAU
Vivant depuis trois ans à Qingdao (est) où se déroulent les épreuves de voile des jeux Paralympiques, Bourdonnaye, 35 ans, reconnaît avoir eu "du mal avec la mentalité chinoise" au début.
"On a envie de tout casser la première fois quand ils disent 'ouais!' au moment où on rate un service ou que la balle touche le rebord de la table", explique-t-il. "Mais maintenant ça ne me fait plus rien, je sais comment ils fonctionnent".
Selon lui, "les Chinois disent qu'on est hypocrites quand on s'excuse pour une balle chanceuse". Car "pour eux, tout point gagné est bon à prendre".
Côté jeu, "ils mettent beaucoup plus d'effet avec des trajectoires différentes", mais "je suis assez rôdé sur ces techniques-là maintenant". "On peut les avoir", espère-t-il.
En ProB avec les valides
C'est lors d'un stage de tennis de table en Chine quand il avait 18 ans que Gilles commence à se passionner pour ce pays. A son retour, le garçon longiligne d'1,92 m s'achète une méthode Assimil pour apprendre le mandarin qu'il "connaît très bien désormais".
Quelques années plus tard, il décroche un master de management franco-chinois à Nantes, ce qui lui permet d'être aujourd'hui responsable des relations internationales d'EDF à Qingdao, en partenariat avec le Conseil régional des Pays-de-la-Loire.
Avant d'arriver en Chine, Bourdonnaye jouait "en ProB avec les valides", la deuxième division de tennis de table. Car "je ne me sens pas handicapé", explique-t-il.
A trois ans, il se coince le bras droit dans un ascenseur à Dakar (Sénégal) où il est né. C'est l'amputation. Vers huit ans, sa famille rentre en France, direction la Seine-et-Marne où il découvre le tennis de table, avant de partir pour Nantes à 14 ans.
"Au Sénégal, je jouais au tennis mais les médecins m'ont déconseillé de continuer parce que c'était trop violent pour le dos, question de déséquilibre. J'ai alors commencé le tennis de table et bizarrement, les médecins n'ont rien dit", dit-il en riant.
Là, "on a commencé à me parler de handisport, et moi j'imaginais jouer contre des handicapés mentaux".
Une ou deux médailles
Et puis, à 15 ans, Gilles est invité aux Championnats de France handisport et est surpris par le niveau "vraiment bon" et "l'ambiance sympa".
"Ca m'a mis un coup. J'étais là au milieu d'une centaine de handicapés alors que je n'en côtoyais jamais", se souvient-il. Mais finalement, "on est juste des sportifs comme les autres, avec un handicap".
Après l'or à Atlanta (1996) et l'argent à Athènes (2004), l'objectif à Pékin est de ramener au moins une médaille "en individuel, en équipe, ou les deux", à moins que ce ne soit sa femme, Machala Zakova, également engagée en tennis de table qui ramène un trophée à la maison pour la République tchèque.
Pékin-2008 marquera probablement la fin de la carrière de Bourdonnaye. Car en fin d'année, il rentre en France pour devenir responsable des relations internationales au Conseil régional des Pays-de-la-Loire. Et "ce ne sera plus possible d'être à mi-temps", explique-t-il, ravi de ce nouveau défi qui devrait le faire encore voyager.