Certains partent au bout du monde, se jettent à corps perdus dans les conflits, se ruent dans la mode ou le people. Photographes ou reporters, motivés par adrénaline ou l'appât du gain... Marine Brayer, elle, a choisi un autre univers. A 28 ans, cette jeune photographe a fait du handicap sa muse. Pas très vendeur, certes... Mais elle s'en fout. Pour l'alimentaire, elle verra plus tard. En 2009, elle se fait plaisir.
Tout a commencé lorsqu'en 2005, encore étudiante, elle réalise un reportage sur le « torball », un sport conçu pour les déficients visuels qui se joue avec une balle sonore. « C'est vrai que ce sujet a orienté ma carrière, mes choix. J'ai découvert un univers. Puis je suis partie au Maroc avec une association pour suivre une randonnée avec des joëlettes (sorte de fauteuil roulant sur brancards). » Le virus est inoculé.
En noir et blanc et argentique
Depuis un an, Marine mène un projet tambour battant et écume les centres sportifs de la région lyonnaise sur la trace d'athlètes un peu singuliers. Son objectif ? Une expo itinérante sur la thématique du « handisport » tout au long de l'année 2009, et plus si affinités. Une vingtaine d'images, six disciplines : escrime, torball, équitation, ski alpin, judo, sport scolaire. Des attitudes et des visages où l'on peut lire l'effort, le plaisir, où l'on voit des liens se créer, des êtres s'affirmer. En noir et blanc, forcément, question d'intensité dramatique et d'esthétique. Encore en argentique ! Marine est économe, elle ne flashe pas à tout va. Pas de retouche, exit photoshop. Chaque photo est pensée, réfléchie. Elle raconte l'histoire d'une rencontre. Parfois une illusion : « Le handicap n'est pas toujours visible. Les judokas sont sourds et muets, les escrimeurs sont en fauteuil roulants alors que l'un d'eux est valide. Ce n'est pas par volonté de masquer ou de gommer les différences. Plus qu'un simple éclairage, c'est bien notre regard que je souhaite tourner vers les personnes handicapées, un autre regard, sans préjugés ni condescendance. »
A but non lucratif
Contribution artistique à but non lucratif ! « Je voulais avant tout faire des rencontres. Le handicap est une « spécialité » très formatrice mais qui demande un sacré investissement, en temps et en énergie. Je travaille dessus depuis un an et il m'a fallu monter des dossiers pour trouver un financement. J'ai finalement reçu le soutien du Handisport lyonnais, une bourse « Défi jeune » de la direction départementale de la Jeunesse et Sports et des aides en nature de mes partenaires comme les espaces d'exposition ou les cocktails. Mais je lance un appel à d'autres partenaires... »
Marine voudrait poursuivre dans cette voie. Pas vraiment de concurrence. Le handicap ne fait pas recette du coté de la pellicule. « Et pourtant, il y a tant à faire. J'aimerai prendre le temps de rencontrer les gens, leurs familles... » En attendant, elle prend la route. En mai, fais ce qu'il te plait ! Première étape à Lyon puis à Pantin (date à confirmer) dans le cadre d'un café culturel insolite « L'inattendu » tenu par l'association Art Prime (Association culture et handicap, www.art-prime.com ), avant de rejoindre le 3ème « Festival des déglingués » de Bourges qui réunit toutes les expressions artistiques sur le thème du handicap. « Chaque chose en son temps mais il faudra ensuite que je pense à vivre de mon travail... »
Au programme
• Du 6 au 15 mai
Espace Paul Ricard
Immeuble « le César »
20 place Louis Pradel - 69001 Lyon
Entrée libre, du lundi au vendredi :
9h30-12h00 et 14h00-17h30
• Les 10, 11 et 12 juin
Salon Handica à Eurexpo
Avenue Louis Blériot - 69680 Chassieu
De 9h30 à 18h30
http://www.handica-expo.com
• Fin novembre
Festival des déglingués
CREPS de Bourges
18000 Bourges
www.argos.asso.fr