Des activités sportives, une première année de licence validée, un projet professionnel abouti. Un parcours étudiant apparemment sans faute et pour Mathieu Lagrange, une victoire encore bien plus grande. Car, à 22 ans, Mathieu est tétraplégique. Un handicap lourd que l'Université Claude-Bernard l'aide à surmonter depuis maintenant deux ans.
« Notre politique d'accompagnement du handicap est devenue une véritable priorité », explique Jacques Charlin, récemment nommé à la vice-présidence de Lyon 1. Pour ce professeur de mathématiques non-voyant, le challenge revêt une importance particulière : « Nous devons donner aux personnes en situation de handicap les moyens de se dépasser. Elles ne doivent pas se sentir exclues ni rejetées du monde universitaire. Et c'est à nous tous de les y aider ».
Ainsi en 2009, ils sont 223 à avoir bénéficié de services d'accompagnement spécifiques : aide au déplacement sur le campus, rédaction de cours, sessions de soutien, prêt de matériel spécialisé, photocopies en braille ou en gros caractères, transcription en langue des signes. Un budget d'environ 150 000 euros, complété par plusieurs subventions, que l'université consacre chaque année à ces différents modes de prise en charge.
Et qui mieux qu'un étudiant pour aider un autre étudiant ? Le récent statut d'étudiant-salarié permet désormais à Lyon 1 de recruter parmi ses inscrits de jeunes professeurs doctorants, des accompagnateurs sportifs ainsi que des preneurs de notes. Une relation souvent privilégiée entre l'étudiant handicapé et son « binôme », qui facilite les échanges et favorise l'intégration.
Mais la politique d'accompagnement de Lyon 1 s'étend aussi à l'insertion professionnelle. Créée en mai dernier, la Clipe (Coordination Lyon 1 pour l'insertion professionnelle des étudiants) accompagne tous les étudiants dans l'élaboration de leur projet personnel et professionnel. Un moyen de les préparer ensemble à l'avenir : « Nous ne voulions pas séparer les étudiants souffrant d'un handicap et les autres, car le monde professionnel dans lequel ils devront se frayer un chemin sera le même pour tous ».
L'année prochaine, Mathieu envisage de poursuivre sa licence de maths-info pour devenir chef de projet informatique.
Audrey Stiti