La diffusion de ce long métrage a fait grand bruit lors de la quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2010. Sa muse ? Le groupe Staff Benda Bilili : huit musiciens congolais, enfants des rues de l'impitoyable Kinshasa, capitale de la République du Congo, le 7ème pays le plus pauvre au monde. La plupart des membres du groupe ont dépassé l'âge moyen des Congolais, qui est de 45 ans. Mais la particularité de ce groupe c'est que cinq d'entre eux sont paraplégiques (séquelles de la poliomyélite). Des forces de la nature mues par une volonté dans faille, se déplaçant dans des fauteuils tricycles de bric et de broc, customisés façon Mad max. Tout comme leurs instruments faits à partir d'objets de récupération.
Enregistrement dans un zoo
Les reporters Renaud Barret et Florent de la Tullaye ont suivi pendant cinq ans ces musiciens hors du commun, leur apportant, progressivement les moyens nécessaires pour l'enregistrement de leur disque ou la préparation de leur tournée. Proclamés producteurs par leurs protégés ! Ils racontent, dans ce documentaire, leur ascension spectaculaire, de l'enregistrement de leur premier album « Très, très fort » en 2009 dans un « studio » improvisé, le zoo de Kinshasa, jardin en friche, planté de cages en ruine hantées par quelques animaux faméliques, jusque sur les scènes du monde entier. C'est en 2009 que l'Europe découvre le groupe. Une tournée mémorable qui répand une rumba dynamique aux accents de reggae et de funk. Qui répand une sacrée dose d'espoir aussi : venir à bout de la misère et du handicap. Le nom du groupe signifie d'ailleurs « Au-delà des apparences ».
« Les personnes handicapéss les plus connus d'Afrique »
Le film décrit le quotidien des membres de Staff Benda Bilili, qui unis par la musique, vivent, jouent et dorment dans la rue, trouvant en elle la force d'espérer. Scandant le refrain « il n'est jamais trop tard dans la vie... », Ricky, le leader du groupe, espère que leur rêve deviendra réalité : vivre de leur musique, et peut-être même devenir « les personnes handicapées les plus connus d'Afrique ». Selon les réalisateurs, « la force de ce film est d'avoir pu filmer de l'intérieur, l'épopée chaotique d'un orchestre de la rue à la poursuite de son rêve, dans une des villes les plus meurtries d'Afrique. Car leur vie dans la rue les bouffe littéralement. C'est une guerre incessante. Le système de voirie est lui aussi à l'abandon, il est très difficile pour des personnes handicapées de se déplacer. Ce sont de vrais surhommes. »
Une tournée de 50 dates en 2010
Handicap International est partenaire de ce long-métrage. « Nous sommes particulièrement touchés par ce film qui retrace la vie et la réussite d'artistes handicapés étonnants de talent et de puissance, explique Jean-Marc Boivin, Directeur général de Handicap International. Il porte un message d'espoir aux personnes vivant une situation de handicap en démontrant que, même dans une ville aussi brutale que Kinshasa, des personnes lourdement handicapées peuvent rester dignes et s'engager sur le chemin de la réussite, grâce à leur talent et à leur ténacité. » Un film plein d'espoir entre guerre et euphorie. Une « odyssée bancale », qui, selon Renaud et Florent, renverse tous les clichés sur le handicap et la misère et nous questionne en permanence sur nos propres limites et notre capacité à rebondir. » Lors de l'été 2010, le Staff Benda Bilili a effectué une tournée de cinquante dates à travers l'Europe, avant de s'envoler pour le Japon. Prochaine tournée aux Etats-Unis et en Europe en 2011.
Photos : Florent De La Tullaye
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