Campagne de pub Krys : la timidité est-elle un handicap ?

Fait assez rare pour être signaler, un spot télé met en scène un jeune homme en fauteuil roulant. On doit cette audace (?) aux opticiens Krys. Interview à la loupe de Laurence Defaux, directrice de marketing et communication de la marque.

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Handicap.fr : Racontez-nous votre spot télé ?
Laurence Defaux : Un jeune homme rencontre chaque matin une jolie femme dans un ascenseur mais sa timidité l'empêche de lui adresser la parole. Jusqu'au jour où il apparaît avec une nouvelle paire de lunettes. Il gagne alors en assurance et ose enfin l'aborder. « Vous allez vous aimer, en dépit de votre timidité », c'est toute la teneur du message de notre saga publicitaire.

H : Mais la singularité de ce scénario, c'est que le jeune homme est en fauteuil roulant !
LD : Oui. Nous sommes partis du principe que les personnes handicapées avaient les mêmes joies, les mêmes émotions et vivaient les mêmes histoires d'amour que ceux qui sont prétendus « valides ». Ce charmant timide est un homme comme un autre !

H : Est-il vraiment handicapé ?
LD : Oui bien sûr ! Il était évidemment hors de question de tricher. Notre comédien est handicapé et s'illustre dans le tennis handisport en étant actuellement classé 12ème mondial !

H : Dans quelles circonstances l'avez-vous choisi ?
LD : Le tournage a eu lieu en Belgique. Il fait partie d'une agence de comédiens et avait déjà été casté pour un autre spot.

H : N'est-il pas difficile de trouver des comédiens handicapés ?
LD : Nous n'avons rencontré aucun problème particulier. Finalement il a été plus compliqué de recruter la comédienne blonde qui, dans l'autre film, incarne un mannequin au grand nez !

H : Il y a quelques mois, l'opérateur mobile Simyo avait déjà choisi d'associer son image au comédien trisomique Pascal Duquenne. Ce précédent vous a-t-il inspiré ?
LD : Il est vrai que nous avions vu cette campagne et qu'elle nous avait interpellés. Mais je ne suis pas certaine qu'elle ait nourri notre démarche créative qui a trouvé son identité depuis 2008. Simyo respectait une certaine éthique, et c'est uniquement en cela qu'elle a pu être un exemple pour nous. C'est donc tout naturellement que la présence d'une personne handicapée pouvait s'inscrire dans la saga Krys qui met en scène les différences, toutes les différences.

H : L'identification des téléspectateurs à votre personnage peut être limitée.
LD : Contrairement à nos concurrents qui misent sur l'image de célébrités comme Johnny Halliday, Adriana Karembeu, Zidane ou le chanteur Antoine, Krys met en scène des « vrais gens », ses clients, même ceux qui ont une aspérité physique ou psychologique : la rondeur, la taille, un grand nez, l'âge ... Nous voulions aller au bout de notre démarche en mettant en scène ceux dont on parle trop, les mannequins, et ceux dont on ne parle pas assez, les personnes handicapées, en mettant en exergue non pas le handicap physique mais la timidité.

H : C'était tout de même un pari !
LD : Nous avons pris le risque, en craignant d'ailleurs davantage la réaction des « valides » que celle des personnes handicapées. J'étais présente sur le tournage et j'ai tout de suite été convaincue que nous avions là un très joli film, très pudique. Le sujet était sensible mais il a été traité de manière subtile. Si nous avions mis le handicap au centre de l'intrigue nous n'aurions peut être pas eu les mêmes réactions.

H : Avez-vous soumis votre projet à des associations de personnes handicapées ?
LD : Quand l'agence H nous a présenté le scénario, nous nous sommes posé la question de la sensibilité du sujet et comment les personnes handicapées percevraient cette campagne. Nous avons donc rencontré l'APF qui a soutenu le propos de ce film qui considère la personne handicapée comme un sujet et qui contribue à changer le regard des valides. Le sujet du film, c'est la timidité du personnage et la relation amoureuse, et pas le handicap !

H : Après la diffusion, quelles ont été les réactions ?
LD : Nous étions curieux de savoir comment chacun allait réagir. Nous avons donc mis en place une vieille sur le Net et contacté des blogueurs influents pour rester à l'écoute des échanges et intervenir si nécessaire. Or le « buzz » a été très positif !

H : Jusqu'à quand peut-on voir ces deux spots à l'écran ?
LD : Ils étaient diffusés une première fois en décembre, et le seront à nouveau en mars puis en septembre.

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