Concilier tourisme et handicap reste compliqué

"Partir en vacances lorsqu'on est handicapé, c'est la galère!": Joël Solari, tétraplégique, en sait quelque chose. Aussi s'est-il battu pour adapter son camping, en Gironde et décrocher le label "Tourisme et Handicap"

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Par Audrey KAUFFMANN

PARIS, 11 nov 2011 (AFP) -
Le camping de Carcans en Gironde, à côté de l'océan Atlantique, est l'un des quelque 5.000 sites labellisés depuis 2001 - hôtels, gîtes, locations, musées, restaurants, parcs et autres lieux de loisirs sportifs.
"On a obtenu le label pour l'accessibilité des handicapés moteurs en 2003, et en 2008, pour les trois autres handicaps (mental, visuel, auditif). Cet été, on a eu plus de 100 séjours de personnes handicapées venues de France et d'Europe. Beaucoup reviennent d'une année sur l'autre", explique à l'AFP M.
Solari, 62 ans.

Son camping comprend notamment une piscine avec un élévateur hydraulique ou encore un minigolf adapté.
La France compte 5 millions de personnes handicapées, selon l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées.

Mais pour beaucoup, partir en vacances est une gageure, constate Annette Masson, présidente de Tourisme et Handicap, l'organisme qui gère le label.

A cause des transports, d'abord. Un TGV, par exemple, compte une seule place handicapée par rame. Et quid de l'accès des fauteuils roulants aux toilettes ou au restaurant ? Quant aux compagnies aériennes, "certaines refusent des personnes à mobilité réduite en invoquant des raisons de sécurité", dit Mme Masson.
En septembre, un commandant de bord a refusé d'embarquer 22 personnes sourdes sur un vol à Marseille.

Un label aux critères stricts

Même quand tout est censé être prévu, "on a parfois de grosses surprises", témoigne Marie Decker, 42 ans et chef de projet. "A l'arrivée, certaines chambres ou locations s'avèrent mal adaptées. D'où l'intérêt du label: c'est une garantie car ses critères sont stricts".

Mère de quatre enfants, elle raconte la difficulté de trouver des locations de vacances pouvant l'accueillir avec son fauteuil et sa famille. "Les personnes handicapées ne sont pas vues comme ayant une vie familiale. Ce n'est pas entré dans les moeurs", estime-t-elle.
Pour être tranquille, Joseph Barbosa, 51 ans, voyage lui dans son camping-car entièrement aménagé...
"Le label a fait avancer les choses. C'est une première marche", juge Jean-Marie Barbier, président de l'Association des Paralysés de France (APF).

Tout comme la loi du 11 février 2005, qui oblige les sites recevant du public à être accessibles d'ici 2015 à toutes formes de handicaps.
Un autre label, "Destination pour tous", doit être lancé. Il distinguera l'accessibilité de réseaux entiers (toute une ville, par exemple).
"Il y a un vrai potentiel de touristes handicapés, dont certains ont des moyens", relève Pierre Boudot-Lamotte, de Tourisme et Handicap.

Selon l'association, certains hôtels labellisés sont débordés de demandes.
Au "All Seasons" d'Angoulême, "l'une au moins de nos trois chambres adaptées est louée chaque jour", témoigne le directeur Rémy Thibaud.

Des personnes âgées réclament eux aussi ces chambres parce qu'elles sont un gage de confort.
A Pen Bron, à l'extrême pointe de la presqu'île de Guérande, l'Hôtel Aptitudes est lui carrément victime de son succès. Cet établissement de 43 chambres est "le seul d'Europe avec une accessibilité totale", explique à l'AFP son concepteur Yves Crochet, urbaniste. Problème: l'hôtel doit limiter les réservations des personnes  handicapées car "ils sont parfois sur-représentés, ce qui met mal à l'aise certains clients valides".

Annette Masson rêve du jour où plus aucun label ne sera nécessaire. Comme selon elle aux Etats-Unis, en Scandinavie ou en Australie, "parce que ces pays, dès le départ, ont eu des normes d'accès pour tous".
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