Handicap.fr : Quel est l'intérêt d'une telle convention ?
JM. Barbier, APF : L'APF et L'ADAPT sont deux associations sœurs ou cousines, créées en même temps, pratiquement par les mêmes personnes et sur des sujets très proches, y compris sur le plan des valeurs. On peut parler d'osmose. Cette union nous permet d'avoir davantage d'impact auprès des pouvoirs publics. Mais aussi d'assurer une meilleure homogénéité sur le territoire car, dans certaines régions, L'ADAPT est mieux implantée, dans d'autres c'est l'APF.
Emmanuel Constans, L'ADAPT : C'est un signe fort, une alliance naturelle pour des projets concrets. Nous sommes des associations à la fois gestionnaires et militantes. Au niveau national, il s'agit de renforcer nos prises de position, pour être mieux entendus. Un discours conjoint, ancré sur les valeurs, est forcément plus percutant. Au niveau régional, des coopérations concrètes seront avantageuses pour les deux parties qui se connaissent déjà bien.
Handicap.fr : Si vos associations sont si proches, à quoi bon en maintenir deux ? Pourrait-on imaginer, à terme, une fusion ?
JM. Barbier, APF : Ce n'est vraiment pas à l'ordre du jour. Chacune des associations a un fonctionnement qui lui est propre, depuis 80 ans. Ils ne sont pas forcément identiques. L'idée, c'est de faire plus ensemble pour renforcer notre efficacité d'action.
Emmanuel Constans, L'ADAPT : L'indépendance est dans la culture profonde de L'ADAPT, et notre convention est assez précise pour qu'il n'y ait pas de quiproquo. Jean-Marie Barbier et moi même sommes dans le même état d'esprit. C'est d'ailleurs la diversité de nos entrées et de nos projets qui fait la force de ce rapprochement.
Handicap.fr : Dans ce cas, qu'est ce qui vous différencie et justifie le fait que l'APF et L'ADAPT ne fassent pas qu'une seule et même association ?
Emmanuel Constans, L'ADAPT : L'APF s'appuie beaucoup sur ses militants, ils sont 28 000, directement touchés par le handicap. Alors qu'à L'ADAPT, beaucoup de personnes viennent de la société civile. Nous avons des couleurs différentes mais complémentaires. L'APF est un immense paquebot, L'ADAPT est plutôt un voilier mais ses capacités d'adaptation et d'innovation sont grandes. C'est cette complémentarité qui justifie notre union et fait notre force.
Handicap.fr : Vous parlez d'unir vos efforts en faveur de l'emploi...
JM. Barbier, APF : L'ADAPT est très implantée dans le domaine de l'emploi, et nous avons décidé de réinvestir ce secteur.
Handicap.fr : L'APF veut « réinvestir le champ de l'emploi », n'est-ce pas entrer en concurrence avec L'ADAPT ?
Emmanuel Constans, L'ADAPT : J'y vois plutôt un investissement utile dans un secteur où les besoins sont grands. Si nous avons signé cette convention, c'est parce que nous avons la certitude que nos deux associations peuvent mener des projets communs dans le respect de l'autre. La problématique de l'emploi n'appartient pas à L'ADAPT, pas plus que celle de l'inclusion n'appartient à l'APF. Il est donc logique que nous mettions nos forces en commun dans ce domaine, notamment lors de la Semaine pour l'emploi des personnes handicapées, qui a été créée il y a 15 ans par L'ADAPT.
Handicap.fr : Et pourquoi ne pas intégrer d'autres associations, à l'instar de ce qu'a fait le Collectif autisme ?
Emmanuel Constans, L'ADAPT : Il existe déjà bien assez de collectifs sur différentes thématiques. Et je ne suis pas certain que ce principe de regroupement en nombre soit très efficace. Etre trop nombreux peut noyer la latitude d'action. A deux, c'est beaucoup plus souple, plus simple. Ce qui ne va pas empêcher L'ADAPT de signer d'autres conventions avec d'autres associations. Mais en duo !
Handicap.fr : Qu'est ce que ce rapprochement signifie concrètement pour vos adhérents ?
JM. Barbier, APF : Nous savons fort bien que nous avons de nombreux adhérents en commun. Cette convention va nous permettre de croiser les témoignages et de les faire intervenir plus massivement, notamment lors des grands évènements organisés par chacune des associations. Par exemple, l'APF va lancer les Etats généraux de l'inclusion, fin 2012- début 2013, tandis que L'ADAPT relance ses Etats de la citoyenneté. Nous souhaitons nous associer pour organiser ces évènements, et donc y associer tous nos membres.
Handicap.fr : Mener des actions communes, est-ce aussi une opportunité pour limiter vos dépenses respectives ?
Emmanuel Constans, L'ADAPT : Même si nous comptons mutualiser l'organisation de grands évènements, la vocation première de cette convention n'est pas d'en tirer un bénéfice collatéral pour nos budgets respectifs. Mais si cela nous permet de faire quelques économies, tant mieux...