Bruno Mesrine, photographe : un fauteuil dans la lumière !

Plasticien de l'image ou tout simplement photographe, Bruno Mesrine met le handicap en lumière. Une série de photos remarquables qui cherche preneur...

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Son nom prête à confusion. Il en use parfois, à défaut d'en abuser. Non, ce Bruno là n'est pas le fils de Jacques Mesrine, l'ennemi public numéro un ! Il shoote lui aussi, mais à sa façon ! Il fut élève de l'école Louis Lumière, à la fois photographe, peintre, sculpteur, mêlant le fer à l'image... Bruno Mesrine commence sa toute jeune carrière dans la haute couture. Pendant vingt ans, il arpente les grands studios, côtoie les plus illustres créateurs, Dior, Lanvin, Ferraud, Courrège, tire le portrait des artistes et des comédiens, réalise des campagnes de pub. Luxe, gloire et volupté...

Son credo : les citoyens mis à l'index


Mais Docteur Bruno devient un jour Mister Mesrine. Il envoie tout balader, se met à déambuler dans le parc de Letten, à Zurich, temple de la drogue, se rend en Afrique, mandaté par une association humanitaire, prend en photo les gens de la rue. Révéler les citoyens mis à l'index et dénigrés. « J'ai commencé à m'intéresser à des situations qui pouvaient m'arriver. Cela vaut aussi pour le handicap ! J'avais une expérience à vivre et j'y suis allé tout de go, en assumant les conséquences de mes actes, c'est-à-dire renoncer au prestige. » Sa première confrontation avec le handicap, c'est en 1995. Il réalise pour l'agence d'intérim Adecco, un reportage sur la réinsertion des personnes handicapées par le travail.

Le fauteuil, objet de crainte


Puis, quelques années plus tard, un peu par hasard, une équipe du Téléthon recherche un photographe. Mettre en page ceux que l'on ne voit que dans le petit écran. Ce projet de beau livre permettrait, une fois n'est pas coutume, d'afficher ces visages sur papier glacé ! Et surtout de mettre en lumière la thématique de l'accessibilité. Bruno a carte blanche et ne manque pas d'idées, mais c'est le clash. Il a déjà réalisé une trentaine de photos. Son approche est singulière : pas de visage, juste un fauteuil ! Allégorie emblématique, qui suscite tant de craintes et de rejets. C'est le principe de la synecdoque : prendre un objet pour symboliser un tout ! « Je mets le doigt là où ça fait mal, en partant du principe que les gens sont intelligents et vont comprendre le message... » L'image est animée par un entrelacs de fils lumineux que Bruno met parfois des heures à disposer. « J'ai réalisé cette série en mettant en lumière de façon ludique les difficultés rencontrées par les personnes handicapées lors de leurs déplacements urbains. Ces photos ont pour but de sensibiliser l'opinion et de provoquer une prise de conscience qui incite à appliquer plus rapidement les mesures d'aménagements votées. »

Un unijambiste pour muse


Le handicap est devenu sa muse, un peu. A travers son objectif, il traque l'inaccessibilité. La rencontre avec un homme de 35 ans, unijambiste, lui donne matière à s'indigner. Quitte à mettre un peu de chaos dans les conventions. Le décor : une place de mairie, un sol irrégulier, un fauteuil renversé, son passager à terre. Il lui manque une jambe. Qui sera là pour le relever ? Ou plutôt qui l'empêchera de tomber ? Un savant jeu de lumières dessine le mot « Egalité ». « J'ai rencontré cette personne il y a un mois à peine. Il ne peut pas travailler et doit chaque jour se battre comme un cinglé ! ».

Talent et « vaches maigres »


Pour vivre ses passions et ses révoltes, l'ex-photographe des peoples a lui aussi fait le choix de la précarité. Il y a parfois des jours de vaches maigres mais c'est le prix de sa liberté. Bruno est en galère mais se fait plaisir. Il expose, édite. En argentique, la signature des artistes ! En 2010, il maquette cinq beaux livres : Le portrait Nu, Letten, Light painting, Critic, Eiffel Light. Il est toujours en quête d'un éditeur... Car le talent ne suffit pas à nourrir son homme, le handicap non plus. « J'ai investi dans ces photographies mais n'ai pas les moyens d'aller plus loin tout seul. Ce travail sur le handicap est destiné à être exposé ou utilisé en publicité. J'ai sollicité une quarantaine d'associations mais, pour le moment, une seule d'entre elles a répondu. Mon travail est accompli, il ne demande qu'à trouver preneur... » Ses photos sont à vendre, leur message n'est pas négociable.

Site internet: www.mesrine.com

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