2012, le handicap est une nouvelle fois à l'honneur sur les écrans. Après le succès sans précédent d'Intouchables, la percée remarquée de Hasta la vista, c'est au tour de De rouille et d'os de s'inviter à l'affiche, et de surcroît sur le tapis rouge du Festival de Cannes. Une standing ovation de huit minutes a accueilli le dernier long-métrage de Jacques Audiard (le fils de Michel, dialoguiste hors-pair).
Synopsis d'un succès
On l'a vu hier soir. On vous raconte... Ali (Matthias Schoenaerts) se retrouve avec Sam, 5 ans, sur les bras. C'est son fils, il le connaît à peine. Sans domicile, sans argent et sans amis, Ali trouve refuge chez sa sœur, à Antibes. A la suite d'une bagarre dans une boîte de nuit, son destin croise celui de Stéphanie (Marion Cotillard). Il est pauvre ; elle est belle et pleine d'assurance. Stéphanie est dresseuse d'orques au Marineland. Il faudra que le spectacle tourne au drame pour qu'un coup de téléphone dans la nuit les réunisse à nouveau. A la suite de l'accident, Stéphanie est amputée des deux jambes. Ali, videur désinvolte, boxeur à mains nues ne s'embarrasse jamais de rien et encore moins de pitié pour son handicap. Et c'est ainsi qu'il va l'aider simplement, sans compassion.
Effet numérique sidérant
Jacques Audiard revient sur la Croisette trois ans après qu'Un prophète ait reçu le Grand prix du jury. Similitude dans la forme entre les deux films : de l'hyperréalisme, sans fard, sans protection. Il faut donc être bien préparé pour encaisser presque deux heures d'émotions à hautes doses. Ames sensibles et amateurs d'histoires à l'eau de rose s'abstenir. Il faut pouvoir « encaisser » les images de castagnes de rue bien musclées ; il faut accepter de regarder les deux moignons de l'héroïne. C'est du brut. A noter également la prouesse technique. Où sont passées les jambes de Marion Cotillard ? Un casse-tête qui vous occupe une partie de la séance ! Ses jambes étaient recouvertes de collants verts qui ont ensuite été gommés numériquement. Même si certains suggèrent que le rôle aurait pu être confié à une « vraie » amputée, félicitons-nous que le handicap soit, pour une fois, abordé sans filtre. Un peu à la façon de la mini-série Vestiaires qui conte les tribulations de nageurs handisport. Ce corps morcelé est montré sans dissimulation, sans complaisance, sans pour autant jamais tomber dans le voyeurisme. Une jeune femme amputée sur les plages chics de la Côte d'Azur, c'est une « banalité » à laquelle on ne peut qu'aspirer. « C'est une sirène à qui on a coupé la queue » explique Jacques Audiard.
Un message de normalité
Une femme morcelée, un homme paumé : c'est une fois encore la rencontre entre deux « handicapés », l'une dans son corps, l'autre dans sa vie. C'est déjà la relation qui avait uni Sophie Marceau et Christophe Lambert dans L'homme de chevet, et c'est, bien sûr, celle qui nourrit pleinement le duo improbable d'Intouchables. Etonnant, n'est-ce pas, de se dire que la personne handicapée est souvent associée à une âme poissarde ? Comme si la rédemption du second ne pouvait passer que par la tolérance qu'il éprouve pour le premier... Quoi qu'il en soit, De rouille et d'os, ne laisse pas indifférent et a le mérite de donner une nouvelle fois au handicap, à défaut de gloire, à défaut même d'espoir, au moins sa part de « normalité ». Quant à la gloire, pourquoi pas ? 650 000 spectateurs en moins d'une semaine ne s'y sont pas trompés !
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De rouille et d'os : le handicap parmi les stars à Cannes
Sorti le 17 mai, " De rouille et d'os ", en compétition au festival de Cannes, fait un carton dans les salles. Histoire de handicap social, de handicap physique... Ça vous rappelle quelque chose ? Les similitudes s'arrêtent là.