Maladie psychique : tout savoir sur le concept clubhouse !

Comment faire taire les fantasmes sur les maladies psychiques, si terrifiantes dans l'imaginaire collectif ? En inaugurant un lieu d'accueil et de réinsertion. Le premier clubhouse Français a ouvert ses portes à Paris. Notre pays rattrape 60 ans de ret

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165 m2. Une petite cour arborée qui donne sur le canal Saint martin. Une vraie maison... Ou plutôt un lieu d'accueil et d'activités de jour non médicalisé, dédié à la réinsertion sociale et professionnelle de personnes fragilisées par des troubles mentaux tels que la dépression sévère, les troubles bipolaires et schizophréniques. Une vingtaine de personnes s'y rendent chaque jour pour s'entraider, notamment pour trouver un emploi adapté à leur pathologie, mais aussi pour parler, échanger, reprendre espoir... Pourquoi de l'espoir ? Parce que ceux qui, chaque matin, poussent la porte de ce Clubhouse parisien n'en ont parfois plus. Ils sont atteints d'une maladie psychique. Un « sale truc inavouable », qui suscite tant de fantasmes et de peurs.

Pas si redoutables que cela

Alors, une fois n'est pas coutume, ils trouvent dans cette association parisienne, installée au 80 rue de Jemmapes, dans le 10ème, l'aide, l'écoute et le réconfort dont ils ont tant besoin. « Ils », c'est vaste. Il y a là un chef d'entreprise, une femme souriante et belle à croquer, un homme qui traîne son mal-être depuis quarante ans en psychiatrie... Ce sont donc eux les redoutables bipolaires, schizophrènes et autres psychotiques ? Pas si terrifiants que cela. Moi, toi... Chacun de nous, un jour peut-être... Ici, ils ne portent pas le masque de la folie ; ils parlent de ce qu'ils font et ont envie de faire et pas de ce qu'ils ont. Pas de patients, seulement des membres ! Ils sont soutenus par une équipe de trois salariés qui les aident à sortir de leur isolement. Venir au club chaque matin, c'est déjà une bataille.

Comme à la maison

Mixte, en toutes circonstances. Homme ou femmes, jeunes ou vieux. Beaucoup de 25-35 ans tout de même ! Mais aussi une vieille dame de 83 ans qui souffre de bipolarité. Ils sont accueillis au sein du Clubhouse Paris, 5 jours sur 7, parfois certains soirs et week-ends, toujours sur la base du volontariat... Ils viennent de toute la France, du Mans ou de Lille, et sont, dans ce cas, hébergés chez des proches. Toute la semaine, en journée, ils se livrent à de nombreuses activités, des activités banales mais souvent oubliées. On gère son courrier, on consulte internet, on assure l'entretien des locaux, on prépare le déjeuner. Certains assurent aussi la gestion de la caisse et la comptabilité pour respecter le budget mensuel. Comme à la maison. Des tâches quotidiennes qui seront réinvesties plus tard, bientôt, par chacun d'entre eux. Et qui encouragent leur autonomie.

Au gré des envies...

Parfois, la vie au club est plus fantaisiste. Chaque membre est libre de soumettre ses envies. Alison est nulle en bureautique et elle aurait besoin d'un coup de pouce pour ses futurs projets. Alors elle essaye de convaincre quatre ou cinq membres intéressés eux-aussi par cette activité. Deux réunions par jour permettent à tous de se retrouver et de faire des propositions. Pour faire en sorte que l'envie ne s'éteigne pas... Lorsque l'idée a fait émerger un consensus, cours et formations sont programmés au sein des locaux. En puisant dans cette pépinière, qui recèle elle aussi des talents, ce sont le plus souvent les membres eux-mêmes qui animent le groupe. Un partage des compétences particulièrement valorisant pour tous... Si aucun n'a la compétence requise, le Club fait appel à un bénévole, ami ou famille... Le créneau 9h30-17h30 est lié à la gestion du club et à la recherche d'emploi. Comme une vraie journée en entreprise ; pas question de jouer aux cartes. Les activités ludiques et récréatives ne commencent qu'à 17h30. Une nocturne est programmée tous les jeudis soirs. Au programme : débat, projection de films, cuisine, théâtre le dimanche...

La France à la traîne...

Le concept de Clubhouse est loin d'être une nouveauté. Le premier a été créé en 1948, à New-York, à l'initiative de patients qui décident de s'entraider en fuyant les murs des hôpitaux psychiatriques. Leur objectif ? Se reconstruire sans alcool et sans drogue. Ils inventent alors leur propre chaînon manquant entre le diagnostic et la vie autonome. Il en existe depuis 20 ans en Angleterre, 6 ans en Italie. Cette prise en charge a fait ses preuves dans plus de trente pays : 350 clubs dans le monde, jusqu'au Népal, en Chine, en Palestine. Et un seul en France ! Le premier a ouvert à Paris en novembre 2011.

Qui s'en douterait ?

En juin dernier, cette belle initiative a été saluée par le prix « Citoyenneté » décerné par l'OCIRP. Philippa était là pour recevoir son trophée et déclarer « Ce prix nous donne une pêche d'enfer... ». Philippa, n'est pas seulement là pour les honneurs ; elle est, certes, administratrice de l'association Clubhouse France, mais également membre. Malade psychique, cette jolie femme pétillante ? Qui s'en douterait... C'est là toute la valeur du concept, c'est la toute la valeur du symbole.

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www.clubhousefrance.org

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