Jean-Pierre Foessel a été élu en 2001 maire de Saint-Hilliers, bourgade de Seine-et-Marne de 410 habitants. Lors de son élection, il était déjà en fauteuil roulant. Son conseil municipal repousse régulièrement un projet d'aménagement de la mairie qui lui donnerait accès aux locaux. Le perron du bâtiment briard du XIXe siècle comporte six marches infranchissables pour le maire. Le bureau du maire, le secrétariat et la salle des mariages sont au premier étage !
Le maire a été contraint d'installer son bureau à la salle des fêtes, où il célèbre aussi les mariages. Quand il a besoin d'un dossier, la secrétaire à mi-temps doit fermer la mairie pour aller le lui porter. Les réunions ont lieu à la mairie de la petite ville de Mortery, qui fait partie de la même intercommunalité et qui a, elle, fait réaliser des travaux d'accessibilité.
Un projet de contrat rural largement subventionné par les conseils régional et départemental, prévoit parmi d'autres projets l'installation d'un ascenseur. Mais il est refusé par une majorité des élus. "Le Conseil général et la région ont d'ailleurs proposé de nous subventionner même hors contrat rural", explique le maire. L'installation d'un ascenseur coûterait alors un peu moins de 7.000 euros à la municipalité, financés sur cinq ans. Philippe Maratuech, un élu favorable au projet s'insurge car "Parmi ceux qui refusent les travaux, il y a même un pompier professionnel!". Selon lui, "certains pensaient pouvoir diriger sans avoir les responsabilités avec un handicapé comme maire". Mais M. Foessel, 49 ans, également président du club de basket de Provins, n'est pas prêt à jouer les potiches.
D'autres soulignent que l'ascenseur ne servirait pas uniquement au premier magistrat : "Dans la commune, une fillette de 12 ans a la maladie des os de verre, un monsieur en fauteuil vient de s'installer, sans compter les personnes âgées qui ont du mal à monter les escaliers". Sous couvert d'anonymat, les opposants au projet justifient leur position par le coût de l'opération et soulignent qu'ils ont proposé de faire construire une annexe de plain-pied. "Ils ne vous ont pas dit que tout le projet coûtait trois millions de francs! (457.347 euros) s'énerve l'épouse d'un élu. Le montant du contrat rural est en fait de 228.673 euros, subventionné à 80 %, rétorque le maire. Par ailleurs, un des élus estime que la priorité de la commune doit être la sécurité routière. Mais la route départementale jugée dangereuse est à la charge du conseil général. Les six opposant doivent rencontrer le nouveau sous-préfet de Provins, Gérard Lacroix, mercredi.
"J'attends d'entendre le arguments, mais la loi sur l'accessibilité des bâtiments publics est la même pour tous", rappelle-t-il. "Je suis horrifiée" s'indigne Katia Longieras, deuxième adjointe. "Les gens n'ont pas de mémoire, ils ont oublié que c'est en préparant bénévolement une fête pour la commune que M. Foessel a perdu l'usage de ses jambes!".