« Assistance sexuelle : présence à l'autre ou marchandisation du corps ? », c'est le titre d'un séminaire organisé en février 2013 à Paris par l'association CH(s)OSE, qui milite pour une vie affective et sexuelle des personnes handicapées. Une question éminemment intime qui suscite une vaste querelle où se mêlent les désirs des uns, les appréhensions des autres. Prostitution, bien-être, droit fondamental, risques de dérives... Un creuset d'arguments qui mérite qu'on se penche enfin, officiellement, sur ce sujet. C'est en tout cas la promesse qu'avait faite François Hollande lors de sa campagne présidentielle dans une interview accordée au magazine Faire face en avril 2012 : « L'aspiration de chacun à une vie affective et sexuelle est légitime. Mais nous ne devons pas aboutir à une solution qui reviendrait à organiser un service de prostitution. Nous devrons mener ce débat, regarder ce qui se passe dans d'autres pays, sans préjugés ».
Piqure de rappel au Président
Dix mois après, la question ayant bien du mal à émerger, l'association CH(s)OSE entend lui remettre en mémoire ses paroles de candidat. Après avoir exposé son point de vue devant le Comité consultatif national d'éthique en 2012, l'association a demandé, à plusieurs reprises, à être reçue par les ministres concernées, en l'occurrence celles (ce sont toutes des femmes) de la Santé, des Droits de la femme et des Personnes handicapées. Mais, en l'absence de réponse, c'est aujourd'hui le Président de la République qu'elle interpelle dans une lettre ouverte adressée le 8 février 2013. Elle y réclame l'ouverture d'un débat, loin des préjugés et des stigmatisations : « Parce qu'il n'est plus acceptable que des personnes soient privées de tout accès à leur corps et au corps de l'autre à cause de leur handicap, il est urgent de mener ce débat de société afin de pouvoir apporter une réponse aux personnes ayant besoin d'un accompagnement à la vie affective et sexuelle ! »
Question de bien-être et même de santé
Les partisans revendiquent, pour légitimer leur position, les fondements de loi de 2005 qui affirme le droit à la compensation de toutes les conséquences quelles que soient l'origine et la nature de la déficience. Elle s'inscrit dans la même veine que la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées des Nations unies qui promeut, elle aussi, ces principes. Ce droit à la vie sexuelle et affective ne ferait donc pas exception, et serait un besoin à prendre en considération pour parvenir à la santé sexuelle, telle que définie par l'OMS (Organisation mondiale de la santé), condition sine qua non au bien-être et la qualité de vie dans son ensemble. Or il semble évident que le handicap de certains de nos concitoyens compromet tout espoir dans ce domaine, souvent à vie...
Le lot des questions qui dérangent
Cette question intime et particulièrement tabou, que certains rêveraient d'occulter, mérite certainement davantage qu'une fin de non-recevoir. Comme pour tous les sujets qui dérangent et peinent à s'inscrire à l'ordre du jour du débat sociétal, à l'instar de celui sur la fin de vie, ne serait-il pas temps de mettre l'accompagnement sexuel sur la place publique, si ce n'est pour exiger, au moins pour permettre à tous les points de vue de s'exprimer ? Le mariage pour tous a, lui aussi, connu ce genre de déboires. L'actualité nous prouve que ses défenseurs ont eu raison d'espérer...
Site de CH(s)OSE : www.chs-ose.org
Lire la lettre : http://www.chs-ose.org/media/02/00/3268325106.pdf
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Sexualité des personnes handicapées : le Président interpelé
L'accompagnement sexuel pour les personnes handicapées peine à trouver sa place dans le débat public. François Hollande avait fait naître un espoir de discussion que ses partisans réclament aujourd'hui dans une lettre ouverte.