COUBERT (France / Seine-et-Marne), 03 juin 2013 (AFP) -
Jusqu'ici, seuls les amputés de l'ensemble de la main pouvaient bénéficier d'une prothèse totale de main, dont il existe plusieurs types en France, certaines assez basiques avec ouverture et fermeture et d'autres plus précises permettant de tenir un oeuf par exemple.
Mais il n'existait que des prothèses "esthétiques", non mobiles, pour ceux qui disposaient encore de doigts valides. Désormais, grâce à des électrodes connectées aux muscles de ses avant-bras, Florian peut plier indépendamment les doigts de sa prothèse, fabriquée par l'Ecossais Touch Bionics.
Au centre spécialisé de Coubert (Seine-et-Marne), qui accueille cette première révélée lundi par Le Parisien, il réapprend à accomplir à nouveau normalement la plupart des actes de la vie quotidienne.
En quelques mouvements, il enduit son moignon de crème, débranche sa prothèse qui se rechargeait sur une prise de courant et enfile ce gant noir en silicone dont sortent un auriculaire, un annulaire et un majeur de métal.
Aujourd'hui, Florian rêve de "couper à nouveau la viande comme il faut" et de "(se) verser de l'eau dans un verre", raconte le jeune homme qui n'a plus qu'une idée en tête depuis qu'il a reçu cette prothèse: mener à bien sa rééducation.
Chargé de l'entretien des espaces verts de Melun, il a perdu en 2011 ses trois doigts dans une broyeuse, et espère désormais pouvoir reprendre rapidement son travail.
Sensibilité
"Florian est très motivé, dynamique et courageux" et devrait pouvoir maîtriser les mouvements de ses trois doigts artificiels en "trois ou quatre semaines", explique le médecin chargé de son suivi, Kayal Khaled.
Si les mouvements sont assez fins pour attraper un gobelet en plastique sans l'écraser, la prothèse ne reproduit pas la douleur ou la température par exemple : "je touche les objets mais je ne peux pas les sentir. Je ne peux que l'imaginer", témoigne Florian.
"Le grand défi des années à venir serait qu'en plus de la motricité, on puisse avoir un retour sur le toucher ou la sensibilité", confirme le professeur Emmanuel Masmejan, chirurgien à l'Unité de chirurgie de la main et des nerfs périphériques à l'Hôpital européen Georges Pompidou.
"De gros progrès techniques continuent à être faits" dans le domaine des prothèses myoélectriques, qui existent depuis une vingtaine d'années et permettent de retrouver en partie la fonction du membre absent et notamment d'assurer une préhension active des objets, ajoute-t-il.
Une prothèse comme celle de Florian coûte entre 35.000 et 45.000 euros, et peut être posée à des personnes amputées plusieurs années auparavant. Celle de M. Lopez lui a été cédée pour 27.000 euros, payés par son employeur, la ville de Melun.
Le centre de Coubert, qui appartient au groupe à but non lucratif Ugecam, financé par l'Assurance maladie, a pour l'instant l'exclusivité de la distribution de cette prothèse, mais le fabricant pourrait la proposer dans davantage de centres en France, en collaboration avec l'entreprise Pommier orthopédie, dans les mois à venir.
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