De ce CIH (Comité interministériel du handicap) certains medias n'ont retenu que cela : l'accessibilité ne sera pas au rendez-vous de 2015. Ce n'est pas un scoop, qui en doutait ? Mais fallait-il pour autant limiter les conclusions de ce comité à cette seule évidence ? Car, sous les ors de Matignon, a soufflé un vent plutôt optimiste dans les rangs des associations de personnes handicapées. Elles furent reçues par Jean-Marc Ayrault à l'issue de ce comité pour prendre connaissance et débattre de la feuille de route fixée par le gouvernement. Treize ministres, treize associations autour de la table. Un chiffre, pour une fois, porte-bonheur ?
Un pas a été franchi ?
Certains se montraient septiques, pensant que la messe était déjà dite et que rien n'allait en sortir. Il en fut tout autrement... Les réactions des grandes associations sont toutes unanimes à saluer la démarche, convaincues qu'un grand pas a été franchi, en maintenant néanmoins leur vigilance. Pour Jean-Louis Garcia, président de l'APAJH : « Ce premier comité est très positif, avec une volonté politique affirmée et un premier ministre qui se mouille en faisant le choix de la solidarité dans un contexte budgétaire tendu. »
Une politique « exclusivement » inclusive
Le CIH n'avait jamais été réuni depuis sa création, en 2009. Ce 25 septembre 2013, il a rassemblé tous les ministres concernés avec l'objectif de définir, coordonner et évaluer les politiques conduites par l'Etat en direction des personnes handicapées. Le Premier ministre s'est longuement exprimé et a réitéré à maintes reprises la volonté de mener une politique transversale pour que l'inclusion des personnes handicapées devienne l'affaire de tous. Une politique qui cesse d'être catégorielle pour devenir « exclusivement » inclusive !
Des actions rassurantes et cohérentes
Certes tous ces engagements sont déjà inscrits dans la loi handicap de 2005. En gros, il n'y avait qu'à... depuis neuf ans déjà ! Mais, pour Christel Prado, présidente de l'Unapei (Union nationale de personnes handicapées mentales), « c'est un vrai tournant. On ne s'adresse plus à des gens entièrement à part mais à des gens à part entière. On considère la personne handicapée comme ordinaire, porteuse simplement d'une singularité. Cela nous conforte dans l'idée que la circulaire du 4 septembre (qui, à l'initiative du Premier ministre, prenait l'engagement d'inclure un volet handicap dans chaque projet de loi) n'était pas un gadget. Des actions cohérentes et rassurantes vont se mettre en place. » Paroles, paroles, pourrait-on rétorquer... Mais les associations qui, d'ordinaire, sont promptes à donner de la voix, préfèrent opter pour la confiance.
45 pages d'engagements
Un rapport en 45 pages intitulé « Handicap : le défi de l'égalité » leur a été soumis. Il porte sur quatre grands thèmes :
- La jeunesse : l'un des objectifs prioritaires du quinquennat de François Hollande qui concerne également les enfants handicapés.
- L'emploi : reconnaître les compétences et aptitudes des personnes handicapées et conforter ainsi leur place dans la société.
- L'accessibilité : pas seulement physique mais qui garantit une totale citoyenneté.
- La connaissance du handicap, le dépistage, l'accès aux soins et l'accompagnement médico-social.
Ca bouge enfin !
C'est à Agnès Marie-Egyptienne, secrétaire générale du CIH, que revient la responsabilité de faire le liant entre tous les ministères. Elle se dit optimiste dans cette tâche : « Depuis la circulaire du 4 septembre 2012, il faut bien reconnaître qu'il ne s'était pas passé grand-chose. Mais nous avons désormais une feuille de route solide, avec de grands chantiers à lancer et de vrais impacts sur la suite. C'est la première fois que le grand patron réunit tous ses ministres. La politique du handicap fait vraiment partie de ses priorités. »
A quelle échéance ?
En termes d'échéance, pour toutes ces propositions, pas de calendrier. Il faudra se contenter de la mention inscrite dans ce rapport : « certaines sont déjà mises en place, d'autres rythmeront les toutes prochaines années ». Le CIH s'inscrit dans la continuité de certaines mesures déjà adoptées par le gouvernement telles que la prise en compte des besoins des personnes handicapées dans les conditions d'âge des emplois d'avenir ou des contrats de génération, l'adoption du troisième plan autisme ou encore la décision de professionnaliser les AVS.
Rendez-vous à la CNH en 2014
Si, aujourd'hui, elles ont le moral léger, les associations attendent tout de même de voir pour y croire. Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées a confirmé que ce comité se réunirait chaque année sauf en 2014 puisque sera organisée la prochaine Conférence nationale du handicap (septembre. Et lorsqu'on demande à la ministre quelles sont ses conclusions, elle répond : « Ce n'est pas une conclusion mais le début d'une marche en avant. » Un an pour se concerter, agir et juger ! Et Christel Prado de conclure :« Avec de tels engagements, j'espère que nos ministres ne vont pas nous décevoir... Mais ils nous connaissent et savent notre détermination ».