Une association poursuit le journal Charlie Hebdo pour injure et provocation à la discrimination envers les handicapés pour sa une présentant Nadine Morano en « fille trisomique cachée du général de Gaulle », a-t-on appris le 8 décembre 2015 de sources concordantes. A la suite des propos controversée de la députée européenne Les Républicains sur la France qui serait selon elle un « pays de race blanche », le journal satirique l'avait présentée en couverture comme un bébé trisomique dans les bras du général de Gaulle.
« L'humour ne permet pas tout »
Le Collectif contre l'handiphobie poursuit sur citation directe le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo et les Editions Rotatives. L'association demande un euro de dommages et intérêts, ainsi que des mesures de publication judiciaire, notamment en couverture de Charlie Hebdo. « On ne peut pas accepter que, pour se moquer de quelqu'un, on puisse dire qu'il est atteint de trisomie 21 », a déclaré à l'AFP Me Henri de Beauregard, avocat de l'association, les personnes qui en sont atteintes « n'avaient rien demandé » dans cette polémique. « L'humour ne permet pas tout », a renchéri le président du collectif, Alexandre Varaut, avocat de profession, pas « de prendre à parti des gens qui sont incapables de se défendre tout seuls », mais tout à fait à même de comprendre qu'on se moque d'eux en couverture d'un journal.
Ne plus faire de caricature du tout ?
« On ne pourrait plus faire de caricatures sur les croyances, pas davantage sur les souffrances, en fait on ne pourrait plus faire de caricatures du tout », a estimé auprès de l'AFP l'avocat du journal, Me Richard Malka, soulignant que la cible était « clairement Nadine Morano et en aucun cas les trisomiques ». La date du procès devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, doit être fixée fin janvier lors d'une audience de procédure. Rappelons que l'association Trisomie 21 France s'était montrée tolérante à l'égard de cette couverture (article en lien ci-dessous). « Les personnes avec trisomie 21 réfléchissent et avancent vers le plein exercice de leurs droits citoyens et des libertés individuelles, notamment la liberté d'expression, expliquait-elle. C'est important et nous nous sommes battus pour cela après les attentats de Charlie. »
Morano « blanchie »
Quant aux propos de Nadine Morano, le parquet de Paris a récemment classé sans suite le signalement de la Licra au motif qu'ils « ne comportent aucune incitation au rejet d'un groupe de personnes déterminé, et n'appellent pas à adopter des sentiments ou comportements emprunts d'hostilité ». « Justice m'est rendue », s'est félicitée le 8 décembre dans un communiqué l'élue du parti Les Républicains, qui avait perdu son investiture pour les régionales en Meurthe-et-Moselle à cause de l'indignation suscitée par ses propos.