Les 26 Centres de ressources autisme (CRA), qui ont un rôle clé dans le diagnostic et la prise en charge de ce handicap, connaissent des « dysfonctionnements trop nombreux », informe l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) dans un rapport publié le 21 avril 2016.
CRA : pas de réponse au problème de l'autisme
Rendu public à l'occasion du Comité national autisme, le document, remis en mars 2016 aux ministres Marisol Touraine (Affaires sociales) et Ségolène Neuville (Handicap), relève également que les CRA « n'apportent pas de réponse suffisamment forte au problème de l'autisme chez les adultes ». Les CRA ont été généralisés en régions à partir de 2005. Outre l'accueil et l'orientation des personnes autistes et de leurs familles, l'une de leurs missions principales est le diagnostic. La prévalence de l'autisme ayant fortement augmenté ces dernières années, le 3e plan autisme (2013-2017) les a repositionnés sur le diagnostic complexe, les cas plus simples reposant sur d'autres acteurs territoriaux.
Leur mission : diffuser les bonnes pratiques
Il est désormais établi que l'autisme et les autres troubles envahissants du développement (TED) ont une « origine multifactorielle, avec une forte implication de facteurs génétiques », précise le rapport. Les CRA sont « appelés à jouer un rôle d'accélérateur dans la diffusion des recommandations de bonnes pratiques », souligne l'Igas. Leur mise en œuvre reste « encore partielle », notamment parce que « les professionnels sont peu formés aux outils conseillés » et que les approches cognitives se heurtent toujours à une « résistance de la part de certains professionnels ». La Haute autorité de santé (HAS) a estimé en 2012 que l'approche psychanalytique, qui domine depuis des décennies en France, était « non consensuelle » et n'avait pas fait la preuve de son efficacité, et a recommandé des méthodes éducatives et comportementales.
De grandes disparités selon les régions
L'Igas constate « l'extrême hétérogénéité des CRA sur le territoire national ». « Certains centres sont composés d'experts de l'autisme reconnus » mais d'autres sont « toujours en construction ». Elle souligne que les délais d'attente pour un diagnostic « peuvent atteindre entre un et deux ans ». Des solutions en termes d'organisation, de partenariat et de nouvelles modalités de fonctionnement « doivent être mises en œuvre rapidement ». Les liens entre les CRA et l'Education nationale « varient fortement selon les régions », avec des répercussions sur la scolarisation des enfants. Concernant les adultes, « le retard pris par la France est encore plus manifeste ». « Des initiatives sont en train de se mettre en place mais restent insuffisantes au regard des besoins ». Les CRA sont « un dispositif pertinent » mais « doivent connaître des évolutions » au regard des enjeux, conclut le rapport. Il ne remet pas en cause le rattachement de la plupart de ces services médico-sociaux aux établissements hospitaliers mais, dit-il, des « rigidités de gestion » doivent être « corrigées ». La coordination avec les Agences régionales de santé (ARS) « doit être renforcée ».