Marisol a 20 ans et n'entend pas très bien. Comme les filles de son âge, elle aime sortir en boîte et danser. Sa surdité grandissant, son ORL lui pose des appareils auditifs, et lui donne, au passage, l'adresse d'un café-signe où des personnes sourdes et entendantes se retrouvent tous les dimanches. Au contact de cette communauté, Marisol s'émancipe peu à peu, échappant à une mère solitaire qui, prise de court, tente de protéger son enfant sans accepter pleinement son handicap.
Une véritable culture sourde
En 18 minutes, Entends-moi déconstruit le mythe d'une surdité enfermée. Avec franchise, il montre au grand public une véritable culture, avec sa langue, ses habitudes et ses goûts. Un univers que le spectateur découvre peu à peu à travers les yeux de Marisol et via un éventail de personnages plutôt large pour un court-métrage. « La surdité est un handicap très large. On peut naître sourd, le devenir, oraliser ou non. C'est une part de personnalité, une façon de ressentir les choses, avance Nicolas Coquet, le réalisateur. Pendant mes recherches, j'ai rencontré beaucoup de personnes sourdes fans de musique électro. À Lyon, ils trépignent d'impatience chaque année avant le festival des Nuits sonores ! Pour eux, c'est quelque chose de vraiment fort, un son spécial qui les fait vibrer ». Très présente tout au long du film, la musique joue d'ailleurs un rôle primordial : « Nous avons testé les limites des enceintes ! »
Une trame courante
Le film met aussi en lumière les situations qui peuvent déstabiliser : un repas de famille bruyant, une demande d'un client qu'on n'entend pas, une invitation imprévue… L'histoire que Nicolas Coquet raconte, une « trame commune à beaucoup de personnes » selon lui, est en partie inspirée de sa rencontre avec la « vraie » Marisol, qui s'est confiée à lui avant l'écriture du scénario. « Je me suis attaché à son histoire. Née entendante dans une famille de sourds, elle a perdu l'audition à cause d'une infection des oreilles mal soignée ». Une dizaine de jours pour tourner, près de 200 figurants, beaucoup de décors et un gros travail d'interprétariat ont abouti à ce film aussi surprenant que sensible. Si le but initial est de sensibiliser à la surdité, Entends-moi devient une œuvre à part entière, avec son esthétique, sa personnalité, son univers. « L'idée est aussi de provoquer des rencontres entre personnes entendantes et sourdes dans le public », souligne Nicolas.
Plusieurs sélections en festival
Après une première soirée qui fait salle comble à Lyon (ville où le projet a démarré), des projections sont prévues à Paris, à Toulouse et à Lille en juin 2016 (voir la programmation ci-dessous). Elles seront complétées par la diffusion du film sublime Marie Heurtin (article en lien ci-dessous) qui raconte l'histoire d'une fillette sourde-aveugle au 19e siècle. Entends-moi est également sélectionné au Superfest festival de San Francisco, qui se tiendra en octobre 2016. Repérée pour son interprétation, l'actrice principale, Loïse Prévost, est également en compétition aux Ouchy Film Awards, qui auront lieu à Lausanne en décembre 2016. Comme son personnage, Marisol, le film s'émancipe, ouvert à de nouveaux horizons !
Calendrier des projections (+ film Marie Heurtin)
- 16 juin à 20h : UGC Ciné Cité Paris 19e
- 21 juin à 20h : UGC Toulouse
- 23 juin à 20h : UGC Ciné Cité Lille
© Nicolas Coquet / Koklico production