Avis sur une suspicion d'endométriose, lecture d'ECG, surveillance en cancérologie (...), il existe de nombreux cas pour lesquels le professionnel de santé, parce qu'il se sent limité dans sa spécialité, doit se tourner vers l'expertise d'un confrère, à distance. On parle alors de téléexpertise, à ne pas confondre avec la téléconsultation qui met en relation un professionnel médical et un patient pour une consultation à distance (article en lien ci-dessous). Auparavant réservée seulement au dialogue entre médecins, la téléexpertise s'étend, à partir du 1er avril 2022, à tous les professionnels de santé. Infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens, auxiliaires médicaux… pourront donc désormais solliciter l'avis de pairs, généralistes ou spécialistes, ceux que l'on nomme les « requis », en raison de leur formation ou de leurs compétences particulières.
Tous les patients concernés
Autre nouveauté, cette téléexpertise n'est plus réservée aux seuls patients en affection de longue durée, atteints de maladies rares, résidant en zone dites « sous denses », résidents d'Ehpad ou de structures médico-sociales et aux détenus. Tous les patients, sans distinction, sont concernés dans le cadre de leur prise en charge médicale. Seul impératif, ils doivent donner au préalable leur accord à leur soignant, appelé « requérant ». Déjà répandue mais de manière archaïque, par téléphone, fax ou sms, cette pratique est aujourd'hui amenée à se généraliser grâce à l'utilisation d'outils numériques dédiés et sécurisés. Financée par l'Assurance maladie depuis 2019, la téléexpertise voit aussi ses tarifs évoluer. Il y avait jusqu'alors deux échelons de rémunérations selon le niveau de complexité de l'avis médical apporté. C'est fini ! La prise en charge s'aligne sur le montant le plus élevé : le médecin requis perçoit désormais 20 euros et le requérant 10 euros, peu importe le type d'avis échangé, dans la limite de quatre actes par an et par patient (la rémunération de certains professionnels requérants dépend des négociations mono-professionnelles en cours).
Améliorer le parcours de soin
« C'est un changement majeur qui va multiplier par six le nombre de professionnels concernés par la téléexpertise », explique Baptiste Truchot, co-fondateur d'Omnidoc, start-up qui propose des solutions de téléexpertise. Les démarches administratives qui incombent aux professionnels de santé sont elles aussi amenées à se fluidifier. L'objectif étant de développer la collaboration entre la médecine de ville et les services hospitaliers et surtout d'améliorer le parcours de soin du patient (article en lien ci-dessous). Des diagnostics pourront être posés plus tôt, des traitements administrés de manière adéquate et les personnes isolées, âgées ou handicapées n'auront plus besoin de se déplacer automatiquement. Au 1er avril 2022, c'est près d'1,2 million de professionnels de santé au total qui vont être éligibles à ce dispositif, la France devenant ainsi le premier pays à généraliser la rémunération de la téléexpertise.