+21 % de licences de boccia : "l'effet Aurélie Aubert"!

+21 % de licences de boccia fin 2024 ! "L'effet Aurélie Aubert" s'est diffusé comme une traînée de poudre après sa victoire aux Jeux paralympiques. Focus sur ce sport stratégique en plein essor, qui est "bien plus qu'un jeu de boules".

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Aurélie Aubert, souriante, regarde en l’air lors des Jeux paralympiques.

Les clubs de boccia sont en plein boom. La Fédération française handisport (FFH) enregistre une hausse de 21 % des licenciés à la rentrée 2024, selon l'« enquête flash » de l'Institut national de la Jeunesse et de l'Éducation (Injep), publiée fin janvier 2025. C'est l'une des disciplines avec la plus forte croissance, après le tennis de table (23 %), soit bien plus que la moyenne nationale de +5 %. L'« effet Aurélie Aubert » ? La victoire de la Française lors des Jeux paralympiques de Paris l'été dernier a effectivement contribué à mettre un coup de projecteur sur ce sport de boules, principalement destiné aux personnes avec un handicap lourd.

Une porte-drapeau « heureuse »

« Je ne sais pas si c'est grâce à moi mais, si cela a permis à d'autres personnes avec d'importants handicaps de pratiquer du sport, de mettre en avant la boccia et d'ouvrir d'autres clubs, j'en suis très heureuse ! », sourit la jeune femme de 27 ans. Elle espère que cet élan « ne va pas retomber et que les clubs vont pouvoir assumer cette hausse », notamment en recrutant « plus de bénévoles, parce que, sans eux et sans les assistants, la boccia n'existe pas », affirme la porte-drapeau de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques, qui rend hommage à sa coach et « assistante en or », Claudine.

« Plus qu'un jeu de boules », un sport de stratégie

La boccia, de l'italien « boule », est un sport de stratégie mixte, qui s'apparente au curling et à la pétanque, mais jouée en intérieur avec des balles en cuir, pour faciliter la préhension des joueurs ayant des troubles du tonus musculaire. « Ce n'est pas qu'un jeu de boules, c'est même plus attrayant que la pétanque ! », intervient Yves Lefevre, trésorier de l'association handisport de Montélimar, qui encadre notamment les entraînements de boccia. « Cette discipline exige précision et contrôle musculaire. C'est un véritable jeu d'échecs ou l'on tente d'avoir toujours un coup d'avance. On joue une balle pour préparer la suivante », confirme la FFH, qui dénombre plus de 3 000 licenciés dont 700 en compétitions. Le principe ? Deux équipes s'affrontent, l'une possédant des boules bleues et l'autre des rouges, pouvant être lancées avec la main, le pied ou à l'aide d'une rampe, l'objectif étant de se rapprocher le plus possible de la boule blanche, appelée « Jack ».

Un « sport idéal » en cas de handicap lourd

Son accessibilité, même aux personnes polyhandicapées, en fait « un sport idéal », selon Aurélie Aubert. En effet, « la présence autorisée d'un assistant, ainsi que l'utilisation d'une rampe, permettent aux personnes dont la mobilité des membres supérieurs est particulièrement limitée ou altérée, de pratiquer cette activité jusqu'au niveau international », explique la FFH. Il existe deux catégories principales, BC et NE, composées chacune de quatre sous-catégories (de BC1 à BC4 et de NE1 à NE4), selon le handicap. Seule la classification « BC », dans laquelle concourt Aurélie Aubert, permet d'accéder aux compétitions internationales. Si la boccia est un sport paralympique depuis 1984, il aura fallu attendre 2021 pour que la France y participe, aux Jeux de Tokyo. Et il y a fort à parier que le nombre de prétendants au titre augmente désormais d'années en années...

Le profil des pratiquants

L'association handisport de Montélimar propose cette discipline depuis 2016. Si son nombre de licenciés est relativement stable (entre 15 et 20 selon les années), « depuis les Paralympiques, quatre personnes de plus ont souhaité se lancer dans la compétition », observe Yves Lefevre. Le profil de ces athlètes ? « Des personnes avec une paralysie cérébrale, pour la plupart, soit la cible initiale, même si ce sport s'ouvre désormais à celles ayant des handicaps 'moindres' comme les personnes mal marchantes. Et plutôt des hommes, les femmes se cantonnant davantage à l'activité loisir, du moins au sein de notre club », répond-il. « Mais la grande majorité de nos pratiquants cherche à faire un peu d'exercice et à sortir de leur quotidien en établissement médico-social. »

Lever l'autocensure auprès des jeunes... et de leurs parents

Concernant les âges, « cela varie », même si M. Lefevre déplore la faible présence de jeunes, notamment liée à l'autocensure. « Beaucoup de parents freinent des deux pieds face au sport et surprotègent leurs enfants car ils craignent d'éventuelles blessures pouvant entraîner un handicap supplémentaire ou de nouvelles douleurs. » Il appelle à lever ces freins, estimant que la pratique d'une activité est « essentielle pour leur développement intellectuel et physique ». « En faisant de la boccia, ou une autre discipline, les jeunes vont pouvoir se découvrir et arriver à faire des choses que même leurs parents n'auraient pu imaginer », insiste-t-il.

Une activité vectrice de lien social

« Ce sport m'a permis de me surpasser et de rendre ma vie plus belle », abonde Aurélie Aubert. Autre avantage majeur : la création de liens sociaux. « Ça permet aussi de ne pas se renfermer sur soi, de faire des rencontres », assure-t-elle. « Et pas seulement avec des jeunes en situation de handicap ! », ajoute Yves Lefevre. « Pour la plupart des sports que nous proposons, nous lions des conventions avec des clubs 'valides' afin de créer la rencontre, plusieurs fois par an, et ainsi de favoriser l'inclusion », se félicite le représentant de ce club qui pratique également le triathlon, l'escrime, la natation, le cyclisme, l'escalade...

Un open national à Montélimar en décembre

Pour démocratiser toujours plus ce sport d'origine gréco-romaine, l'association organise un open national « début décembre 2025 » (la date n'a pas encore été fixée), en partenariat avec la ligue Auvergne-Rhône-Alpes handisport notamment. « On aimerait que la boccia se développe dans le Sud, et plus particulièrement dans notre région, car, pour l'heure, les trois quarts des pratiquants se situent dans le Nord », souligne Yves Lefevre, qui vise un objectif de 50 participants. Au programme : deux jours de compétition « avec des récompenses à la clé et surtout des points pour être mieux classé au niveau national ». « On espère qu'Aurélie Aubert pourra être présente pour attirer un maximum de monde ! » La « boule » est dans son camp...

© Instagram boccia_france_handisport

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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