À 200 ans, le braille se bat pour se maintenir à flot

À 200 ans, le braille est de moins en moins enseigné aux personnes aveugles. En cause : le manque de formateurs, la montée du numérique et une accessibilité encore coûteuse, alertent les associations mettant en garde contre un risque d'illettrisme.

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Zoom sur les mains d’un enfant qui lit un livre en braille.

Par Marine Pennetier

À 200 ans, le braille se bat pour continuer d'exister, ses défenseurs mettant en garde contre un risque d'illettrisme si rien n'est fait pour enrayer la tendance.

Maîtrisé par 15 % des personnes aveugles 

Inventé en 1825 par Louis Braille, cet alphabet universel, qui permet de lire du bout des doigts grâce à un système de points en relief, n'est plus maîtrisé que par 15 % des près de deux millions de personnes aveugles ou malvoyantes de France (Seuls 15% des aveugles lisent le braille : urgence !). « La tendance à la baisse de l'apprentissage du braille se confirme », souligne Bruno Gendron, président de la Fédération des aveugles de France, à quelques jours d'un colloque organisé à Paris pour le bicentenaire de ce système d'écriture, du 13 au 15 novembre 2025. « Il n'y a pas assez d'enseignants et on doit désormais convaincre de l'intérêt d'apprendre le braille à l'heure du tout numérique. »

Le braille délaissé face aux alternatives audio

Car ces dernières décennies, les innovations technologiques (synthèse vocale, livre audio, podcasts, dictée vocale…) ont offert de nouvelles alternatives aux personnes déficientes visuelles. À cela s'ajoute l'essor de l'intelligence artificielle, qui a conduit de nombreux adultes devenus malvoyants à délaisser le braille, jugé complexe ou inaccessible (Emploi : le braille menacé par le tout numérique ?).

Seule solution pour accéder à l'écrit

Or, loin d'être dépassé, le braille reste « la seule solution pour accéder à l'écrit, à la lecture, à l'écriture, pour ne pas être illettré », insiste Thibaut de Martimprey, directeur du Campus Louis Braille à Paris. « Quand on peut lire directement un texte sous les doigts, on voit l'orthographe, la grammaire, et on peut réfléchir à ce qu'on écrit », complète Pierre Marragou, président de l'association Apidv. « Dire qu'on peut s'en passer, c'est comme affirmer que les voyants n'ont plus besoin d'apprendre à lire grâce à Siri. »

Un outil clé pour réussir à l'école

Au-delà de l'accès à la lecture, le braille est aussi un facteur de réussite scolaire. Selon l'étude Homère, publiée en 2024 sur le quotidien des personnes déficientes visuelles en France, les personnes aveugles maîtrisant le braille sont 35 % à avoir un niveau inférieur au baccalauréat, contre 51 % pour celles qui ne le pratiquent pas (Homère : la plus grande étude sur la déficience visuelle). « Le braille devient incontournable dans un parcours universitaire ou professionnel, surtout lorsqu'on doit apprendre des langues étrangères, lire des documents complexes ou traiter des chiffres », poursuit Pierre Marragou.

Coût des ouvrages en braille : un frein majeur

Mais les freins persistent. Et notamment le coût élevé des ouvrages en braille, qu'ils soient imprimés ou électroniques. Sollicitée par l'AFP, la ministre déléguée en charge du Handicap Charlotte Parmentier-Lecocq a assuré que tout serait fait pour « promouvoir » le braille et garantir son apprentissage. « Aucun enfant ne doit être empêché d'apprendre à lire parce qu'il ne voit pas », a-t-elle affirmé.

En parallèle, les associations ont entrepris une démarche symbolique : demander l'inscription du braille, utilisé par six millions de personnes dans le monde, au patrimoine immatériel de l'Unesco.

© Africa images / Canva

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