« J'ai accueilli un jeune en situation de handicap et, un soir, je lui ai dit tout bêtement : 'Va jouer à la console avec tes copains'. Il m'a répondu : 'Ce n'est pas possible, je ne peux pas tenir la manette'. » Éducateur spécialisé et passionné de jeux vidéo, Teddy Rucart, président de l'association Handi'arcade, a fusionné ses deux domaines de prédilection pour répondre à un enjeu de taille : rendre le gaming plus accessible. Selon son confrère Stéphane Laurent, chef de projet au sein de l'association Capgame, « 20 % des joueurs aux États-Unis sont en situation de handicap. Nous n'avons pas de chiffres précis en France mais cela doit être assez équivalent ». Ces millions de « gamers » constituent une audience active et engagée, transformant la question de l'inclusion en priorité de développement, et cela, les industriels du jeu en ligne l'ont bien compris.
« Jouez comme vous êtes »
Depuis plusieurs années, de grands noms tels que Xbox, Ubisoft ou encore Sony ont intégré l'accessibilité dans leurs produits (Jeu vidéo: Xbox France mise sur le gaming accessible à tous). Ils étaient réunis à la Paris games week (PGW), la grand'messe des amoureux du jeu vidéo qui se tenait du 29 octobre au 2 novembre 2025 à la Porte de Versailles, à Paris. À quelques mètres de là, un stand singulier affiche un slogan engageant : « Jouez comme vous êtes ». Ce stand, c'est, entre autres, celui de l'association Capgame que Handicap.fr a rencontré pour l'occasion.
L'accessibilité intègre nativement les jeux
Selon Stéphane Laurent, l'accessibilité n'est plus une simple option cachée : elle s'impose désormais comme un défi de conception majeur pour les studios de jeux vidéo. Créée en 2013, Capgame accompagne les personnes en situation de handicap pour leur permettre de jouer quelles que soient leurs contraintes physiques ou cognitives. L'association collabore avec certains des grands studios cités plus haut, proposant des tests sur divers dispositifs d'accessibilité.
Le jeu vidéo, nouveau terrain d'inclusion et de lien social
Désormais, l'accessibilité s'étend aux manettes adaptées, que propose une autre association, Handi'arcade, exposant à la PGW aux côtés de Capgame. L'imagination et, surtout, l'inclusion n'ont pas de limite : des logiciels permettent par exemple de jouer avec les yeux, la voix ou les contacteurs – bouton, levier ou capteur que l'on peut activer par une pression, un souffle, un mouvement de la tête… Des options in-game se perfectionnent avec la personnalisation des couleurs, des sous-titres ajustables, la réduction des vibrations… Chaque détail vise une expérience universelle et confortable, bénéfique à une nouvelle génération de joueurs. Ainsi, le jeu vidéo n'isole plus : il devient un puissant vecteur d'intégration et de lien social pour des jeunes auparavant reclus. Les dispositifs personnalisés ouvrent la porte à l'autonomie, créent des communautés et permettent un épanouissement personnel sans préjugés : « Jouer comme vous êtes » prend finalement tout son sens.
© Clotilde Costil



